Nouveaux anticoagulants. Mise au point et enjeux en chirurgie orale

Les anti-vitamines K (AVK) et les héparines non fractionnées (HNF), accompagnées depuis la fin des années 80 des héparines de bas poids moléculaire (HBPM), ont constitué, pendant des décennies, les thérapeutiques de choix dans la prévention et dans la prise en charge des accidents thromboemboliques. Les anticoagulants parentéraux d’action rapide (HNF et HBPM) sont utilisés dans la phase initiale et les anticoagulants oraux de longue durée d’action (AVK) indiqués pour le traitement au long cours de ces pathologies.

Ces dernières années, les efforts de recherche sur les traitements anticoagulants ont visé à obtenir des bénéfices en termes d’efficacité, de délai d’action, d’affinité de liaison aux facteurs de la coagulation, de surveillance thérapeutique. Pour ce faire, différentes étapes de la cascade de la coagulation ont été ciblées, notamment l’inhibition de la thrombine et l’inhibition du facteur Xa.

Ainsi, le fondaparinux et l’idraparinux sont des pentasaccharides de synthèse dérivés de la portion de l’héparine se liant à l’antithrombine. Celle-ci inhibe fortement le facteur Xa de manière indirecte. Le fondaparinux présente l’avantage de ne pas entraîner de thrombopénie. Il s’administre par une unique injection journalière sous-cutanée. Pour l’idraparinux, il suffit d’une injection par semaine également sous-cutanée. L’action inhibitrice anti-Xa marquée d’une part et la demi-vie supérieure à celle des anticoagulants injectables classiques d’autre part, doivent être prises en compte lors de la programmation d’intervention en chirurgie orale chez ces patients.

Encore plus récemment, deux nouvelles molécules viennent d’être mises sur le marché. Cette nouvelle famille d’antithrombotiques oraux est représentée par un anti-Xa direct (rivaroxaban) et un anti-IIa direct (dabigatran). Ces deux molécules présentent l’avantage de ne pas avoir les inconvénients des différents anticoagulants classiques. Il existe désormais un anticoagulant oral facile à manier qui ne nécessite aucune surveillance ni aucun ajustement thérapeutique. On assiste donc à une révolution dans la prise en charge et la prévention des accidents thromboemboliques qui doit amener à repenser l’approche de ce type de patient en chirurgie orale. En effet, la prévention du risque hémorragique chez les patients sous AVK était jusqu’ici bien codifiée et basée sur l’INR. L’absence d’antagoniste pour ces nouveaux anticoagulants oraux risque probablement de nous amener à modifier profondément notre prise en charge en chirurgie orale ?

Nouveaux anticoagulants. Mise au point et enjeux en chirurgie orale
New anticoagulants: Updating and issues in oral surgery

Cédric Lansonneur1*, Pauline Guillou1, Aurélie Hacquard1, Manon Devisse1, Julie Lelievre1, Grégoire Le Gal2 et Sylvie Boisramé-Gastrin1

1 Service d’Odontologie, CHRU/UFR d’Odontologie, Université de Bretagne occidentale, Brest, France
2 Service de Médecine interne, CHRU, Brest, France