l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a décidé de mettre le “Tradamol”, l’anti-douleur remplaçant le Di-Antalvic, sous surveillance.
Cet analgésique de la famille des antalgiques de niveau deux a une efficacité proche de celle de la codéine mais agit sur le même type de récepteur que la morphine et peut donc entrainer de fortes dépendances. Cette molécule dérivée de l’opium se trouve également dans une vingtaine d’autres médicaments en France: “Topalgic, Contramal, Monoalgic LP, Zaldiar, Biodalgic, Takadol, Zamudol, Dolzam, Ixprim 37,5mg/325 mg, Monocrixo LP 100 mg / 150 mg / 200 mg, Ultram, Tramacet 37.5mg/325 mg, Ralivia, Tramium, Tramacet”…
Des effets secondaires particulièrement puissants peuvent se manifester comme des “nausées, céphalées, vertiges, douleurs d’estomac, hypoglycémies, anxiétés, crises d’angoisse, de la dépression (sur le long terme), de l’amnésie…”, explique l’agence.
Cet antalgique est délivré uniquement sur ordonnance en France. En 2011, plus de 12 millions de boîtes ont été distribuées, soit une hausse de 30%.
Selon Nathalie Richard, responsable du département stupéfiants et psychotropes à l’Afssaps. Elle précise : “En 2010, nous avons recensé sept décès par overdose de tramadol chez des toxicomanes, alors qu’il n’y en avait pas jusqu’à 2007.”Cela fait longtemps que la revue indépendante Prescrire tire la sonnette d’alarme à son sujet. Encore en janvier dernier, on pouvait y lire : “Une analyse des données de la base de pharmacovigilance suédoise a recensé 104 observations de dépendance au tramadol. (…) Les troubles les plus rencontrés ont été des syndromes de sevrage, des usages abusifs, des augmentations de doses, etc. Pour plus de la moitié des notifications, les troubles ont été graves.” D’autres articles avaient auparavant dénoncé les risques d’hypoglycémie, les atteintes hépatiques, les risques de confusion accrus, voire les hoquets induits par ce médicament ainsi que les interactions avec d’autres traitements.
L’intérêt accru pour le tramadol s’explique, en partie, par le retrait du Di-Antalvic qui avait efficacement combattu les douleurs de plusieurs générations de patients. Disponible en France depuis 1964 – et jusqu’en mars 2011 – sur prescription médicale, ce médicament (associant du paracétamol, antalgique, à un opiacé) et tous ses génériques ont été progressivement retirés du marché dans l’ensemble de l’Union européenne, à la suite d’une décision prise en juin 2009 par l’Agence européenne d’évaluation des médicaments. Les experts avaient jugé que le Di-Antalvic présentait une balance bénéfices-risques largement défavorable. Les patients se sont alors massivement mis à consommer du tramadol. Parfois à leurs risques et périls…