Traumatismes dentaires chez l’enfant

L’atteinte des incisives de lait centrales supérieures, lieu privilégié des chocs, est la plus courante, celle des incisives du bas et des canines est plus rare. Parmi les pathologies plus fréquentes, on compte les luxations, les fractures coronaires et les extrusions.

Docteur, la dent bouge. L’idéal, quand on est en présence d’une dent de lait extrudée, est de la replacer doucement dans son alvéole avant que ne se forme un caillot à l’extrémité de la racine. Antibiotiques et anti-inflammatoires accompagnent souvent le traitement. L’extraction peut être nécessaire.

Docteur, la dent est « rentrée » dans la gencive. La conduite à tenir en présence d’une intrusion dentaire n’est pas aussi active que dans le cas précédent. On laisse en général la dent redescendre toute seule et on se contente souvent d’une radiographie pour apprécier le degré d’intrusion de la dent et l’état du bourgeon dentaire. La racine de la dent de lait peut avoir percuté le germe de la dent définitive et être responsable de petits défauts morphologiques ou d’un léger changement de couleur de la dent.

Docteur, la dent est tombée. En cas d’avulsion dentaire, les dents de lait ne sont jamais réimplantées. Les risques d’infection et la présence quasi systématique d’un caillot pouvant avoir des répercussions sur la dent définitive contre-indiquent toute intervention. Un arc palatin avec une dent scellée maintiendra l’espace laissé libre par la dent de lait tombée jusqu’à l’arrivée des dents définitives. L’objectif de cette mesure est à la fois fonctionnel (phonation, mastication) et esthétique. Des contrôles radiologiques semestriels permettent de surveiller l’éruption dentaire.

Docteur, la dent est cassée. On se contente en général d’une surveillance et d’un simple polissage permettant d’éviter à la lèvre ou à la langue d’être irritées. Une dévitalisation de la racine de la dent de lait ou même une extraction sont parfois discutées quand un processus infectieux menace la bonne minéralisation du germe de la dent définitive.

Et la dent sous-jacente ?

Les séquelles au niveau des dents permanentes dépendent du degré de leur minéralisation, de la proximité entre denture permanente et denture temporaire, de la direction et de l’intensité du choc.

Le changement de couleur d’une dent traumatisée peut être dû à une nécrose pulpaire ou à une hémorragie. Dans le premier cas, la dent prend un aspect rouge violacé dans un délai court alors que dans le second, elle devient plutôt grise. Lors d’une hémorragie, la dent peut reprendre sa couleur originale. Quand on suspecte une nécrose, une surveillance clinique radiographique régulière doit être mise en place. Toute infection au niveau de la racine de la dent de lait peut perturber le processus de minéralisation de la dent définitive sous-jacente.

Et la denture définitive ?

Les enfants qui risquent le plus de subir des traumatismes de leur denture définitive sont ceux dont les incisives supérieures sont très en avant pour des raisons congénitales ou acquises (pouces ou tétines sucés trop longtemps, par exemple). Selon les cas, des traitements orthodontiques interceptifs ou des mesures palliatives, comme le port de protège-dents lors de la pratique de sports à risque, pourront être proposés pour pallier ces malpositions. Mais cette recommandation est de l’ordre du vњu pieu. Toute victoire pourra être signalée au journal….

Fractures non diagnostiquées. Les fractures radiculaires évoluent souvent à bas bruit sans douleur ni signe d’appel clinique. Leur diagnostic se fait par la radiographie. Le repositionnement des deux fragments, coronaire et apical, suivi de la mise en place d’une contention semi-rigide par collage pendant trois mois au minimum, permet parfois de garder la dent vivante.

Le pronostic de ces traumatismes est beaucoup plus réservé que celui des fractures coronaires.

Dent cassée. La classique fracture coronaire des incisives supérieures nécessite une reconstitution rapide car la couronne cassée laissant la dentine à nu pose deux problèmes : les agressions cumulées peuvent conduire à une nécrose de la pulpe et les chocs thermiques et mécaniques subis par la dentine se traduire par une symptomatologie très douloureuse. Une surveillance régulière comprenant examen clinique, test de vitalité et radiographie doit être pratiquée à intervalles réguliers. Le morceau de dent cassée peut être recollé quand la fracture est nette, ou reconstitué grâce à des matériaux composites, avec de bons résultats.

Dent qui bouge. Les luxations dentaires, bien que fréquemment asymptomatiques, doivent être surveillées radiologiquement car elles peuvent évoluer vers des nécroses ou des surinfections.

Dent perdue. Les expulsions dentaires totales ne sont pas rares chez les jeunes adolescents. Deux mots d’ordre dans ce cas de figure : être rapide et garder son sang-froid.

* Si la dent est retrouvée et qu’elle soit tombée dans un endroit relativement propre : ramassez-la, faites-la sucer à l’intéressé et réimplantez-la immédiatement.
* Si la dent est souillée, ne l’abandonnez pas ! mettez-la dans du lait si vous en avez, dans du sérum physiologique ou, faute de mieux, sous la langue du traumatisé. Cela fait, n’attendez pas deux heures pour aller chez votre dentiste préféré. Passé ce délai, les échecs atteignent 99 %. Au cabinet dentaire, la dent et l’alvéole sont rincées et, après une éventuelle anesthésie locale, la dent est délicatement remise en place et maintenue par une contention souple pendant une à deux semaines. Rappel antitétanique et couverture antibiotique sont de mise en pareil cas. Si les dentistes optent pour Clamoxyl®, les pédiatres préfèrent Augmentin® ou Rodogyl® qui ont un spectre plus large.

La dent réimplantée sera dévitalisée dans un deuxième temps. En cas d’échec, on mettra des implants (on aura quand même gagné quelques années et évité l’effondrement de la crête osseuse).

Dent raccourcie. Un dispositif orthodontique permet de tracter progressivement les dents intruses vers le bas.

extraits de l’article du docteur Dr J. Lambert
Diffusé le 07/01/2000
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