Recherches en Suisse sur l’Ozonothérapie

Pourra-t-on un jour soigner une carie sans avoir recours à fraiser la dent ? Tel est la finalité des recherches conduites à l’école de médecine dentaire de l’université de Berne, en Suisse.

Son directeur, le professeur Adrian Lussi, associé au docteur Bernard Ciucchi, du cabinet dentaire de la jeunesse, à Genève, veut vérifier l’efficacité de l’ozonothérapie, un traitement sans anesthésie, qui limite le besoin de curetage des zones cariées. Un espoir pour prévenir et soigner de manière plus douce cette maladie classée au 7e rang des fléaux mondiaux par l’OMS.

Utilisé à de fortes concentrations, l’ozone a des propriétés bactéricides, virucides et fongicides 3 500 fois plus puissantes que celles des composés chlorés. “Traditionnellement, on a toujours cherché à éliminer physiquement la carie. Dès maintenant, dans certaines atteintes superficielles, l’ozonation annule le fraisage, explique M. Ciucchi. Dans les années à venir, le traitement d’une carie pourrait se faire par ozonation de la dent puis obturation de la cavité par une substance très étanche.”

La recherche suisse est actuellement menée sur 120 enfants, répartis en quatre groupes suivant des traitements préventifs distincts. Les trente premiers patients sont traités par ozonothérapie. Le deuxième groupe est soigné avec un antiseptique connu, la chlorexidine. Dans le troisième, les médecins ont réalisé un “scellement des sillons”, en remplissant ces espaces interdentaires “à risque” par une résine ou un ciment. Le dernier groupe ne reçoit aucun autre soin. Les premiers résultats sont attendus d’ici à juin 2007.

Une précédente étude, réalisée en 2006 par M. Lussi, a montré que l’ozone élimine les bactéries dans les cavités de la carie sur des enfants de 2 à 3 ans difficiles à traiter. Ce qui avait permis de retarder de quelques mois le fraisage. “Pour le moment, l’ozonothérapie ne peut pas remplacer le traitement classique, car elle laisse une plaque cristalline qui peut régénérer la carie quelques mois après l’intervention”, explique M. Ciucchi. Ces spécialistes voudraient voir si le traitement peut être plus complet. Ils veulent aussi vérifier qu’une obturation adhésive est bien réalisable juste après un traitement à l’ozone. Un premier instrument de traitement, destiné aux professionnels et dénommé HealOzone, existe déjà sur le marché.

Cette technique suscite également l’intérêt de chercheurs outre-Atlantique. Le professeur Sebastian Ciancio, président de l’école de médecine dentaire de l’université de Buffalo (Etat de New York), va démarrer une étude similaire pour évaluer l’efficacité de l’ozonothérapie. Il estime que ce procédé a “un réel avenir”.

Source : le Monde du 18.03.07.