Qualité des soins dentaires et inégalités sociales de santé

Objectifs : Les populations défavorisées renonçaient aux soins. Pour remédier à cette situation la couverture maladie universelle (CMU), a été créée en juillet 1999. L’arrêté du 31 décembre 1999 a associé une couverture complémentaire (CMUC) à ce dispositif. Les obstacles apparents à l’accès aux soins, notamment dentaires, étaient surmontés.

Selon l’état de l’art dentaire, la bouche doit être bien préparée à la pose d’une prothèse. L’objectif de notre étude était de comparer la qualité de la remise en état bucco-dentaire chez les patients relevant du régime général stricto sensu et chez ceux bénéficiant de la CMUC.

Méthodes : L’échantillon était composé d’une série continue de huit demandes d’ententes préalables par unité fonctionnelle (secteur d’activité des chirurgiens[shy]dentistes conseils auprès d’une caisse primaire d’Assurance maladie) et par semaine entre le 15 février et le 18 mai 2001 dans huit régions de France participant à l’étude : 4 demandes émanant de bénéficiaires de la CMUC et 4 demandes des autres bénéficiaires du régime général stricto sensu. Sur 7 148 demandeurs, 3 116 bénéficiaires de la CMUC et 3 310 du régime général stricto sensu ont été examinés par les chirurgiens[shy]dentistes conseils et sont entrés dans l’étude. Les deux populations ont été standardisées sur l’âge.

Résultats : 31 % des patients du régime général avaient des dents cariées à traiter et 11 % des dents à extraire. Chez les patients relevant de la CMUC ces taux étaient respectivement de 37 % et 17 % chez ceux qui en étaient à leur première prothèse et de 35 % et 18 % chez ceux qui avaient déjà réalisé une prothèse dans les 17 mois précédents. Les différences relevées entre les patients du régime général et ceux de la CMUC étaient très significatives (p < 0,001). Conclusion : La remise en état bucco[shy]dentaire, avant la pose de prothèse, n'est pas systématique, quel que soit le mode de protection sociale. Elle est plus déficiente pour les patients relevant de la CMUC, même lors d'une deuxième prise en charge en moins d'un an et demi. Les besoins en soins ne sont pas satisfaits dans délai d'utilisation de l'entente préalable. Peu d'études françaises avaient confirmé la communication de Jonathan Mann (Éthique et droit de la personne. Santé publique. 1998 ; 10 (3) : 239[shy]50), montrant que l'accès à la santé ne peut être obtenu par le seul accès aux droits sociaux. Bulletin d'épidémiologie et de santé publique Volume 50 supplément au n°4 * p 166-166 G. BORGES DA SILVA, J. MINGUET[shy]FABBRI, J.[shy]Y. ORGEBIN, G. HERTER, C. CHANUT, J.[shy]C. MABRIEZ E2Med