Besoins en soin préventifs pour les patients en état de vulnérabilité sociale

L’objectif de cette étude était d’identifier et quantifier l’importance des pertes de chances médicales, des consultants d’odontologie, attribuables à la situation de vulnérabilité sociale.

Méthode : Les consultants en situation de vulnérabilité sociale sont identifiés par un outil de repérage évalué lors d’une précédente étude. Tous les consultants, à leur arrivée dans le service d’odontologie du CHU, renseignent cet outil de façon anonyme. Parmi ces consultants, un tirage au sort est réalisé pour constituer l’échantillon des « cas » (unité statistique : individu en situation de vulnérabilité sociale). Chaque « cas » est apparié à un témoin, sur l’âge et le sexe, et ne possède aucun des critères de vulnérabilité sociale de l’outil. Pour chaque sujet inclus les données sont recueillies par un enquêteur à l’aide d’un questionnaire fermé.

Trois grands groupes de variables sont renseignées : des variables relatives à la situation sociodémographique, socio-économique et à l’insertion sociale ; des variables explorant l’accès aux soins de ville et de l’hôpital ; des variables évaluant le niveau de prévention primaire et secondaire du consultant, se basant sur des actes de prévention bénéficiant d’un large consensus (calendrier vaccinal, dépistages sérologiques et cancérologiques, consultations dentaires?), sur les comportements individuels à risques (consommation de tabac, d’alcool, alimentation, pratique sportive?) et sur le niveau d’information reçu sur la santé.

Résultats : Parmi les 806 consultants d’odontologie dont la situation a été identifiée par l’outil de repérage, 258 ont été inclus : 129 « cas » ont été appariés à un témoin. L’âge moyen des inclus est de 35 ans ± 20 ans. Le sexe ratio est de 1,01. Les résultats préliminaires montrent que les consultants en situation de vulnérabilité sociale ont moins fréquemment un dentiste qui les suit régulièrement (23,3 % versus 37,2 % ; p, fisher bilatéral, = 0,015), fument d’avantage (58,1 % versus 45,3 % ; p, fisher bilatéral, = 0,04) et ont couverture vaccinale inférieure, notamment antitétanique (81,4 % versus 90,7 % ; p, fisher bilatéral, = 0,03).

Conclusion : Les premiers résultats objectivent les disparités sociales d’accès aux soins et précisent la nature des inégalités de prise en charge, notamment de soins préventifs. Ces opportunités perdues dépassent le problème de la seule prise en charge en soins dentaires et concernent les autres champs médicaux de la prévention. Se pose alors la question de l’intérêt de la mise en place de programmes de rattrapage ciblés dans les services de consultation d’odontologie.


Bulletin d’épidémiologie et de santé publique
Volume 50 supplément au n°4 de octobre 2002
* p 165-166
J. PASCAL, H. ABBEY-HUGUENIN, O. LABOUX, E. BILLAUD, B. POULIQUEN, P. LOMBRAIL