Les praticiens tunisiens exposés au risque mercuriel

Les propriétés d’amalgamation du mercure avec d’autres métaux sont utilisées pour former un matériau d’obturation dentaire. L’amalgame reste le matériau le plus performant et le moins coûteux dans la restauration dentaire. Bien que la toxicité mercurielle soit connue depuis l’antiquité, le mercure reste très utilisé dans certains pays. Cette toxicité a été étudiée chez les odontologistes et leurs assistants de différents pays, mais pas en Tunisie. Cette étude a comparé l’imprégnation mercurielle chez des professionnels dentaires de Monastir (Tunisie) à celle d’une population non exposée professionnellement.

Cinquante-deux sujets exposés (dentistes et assistants dentaires) de cliniques dentaires, de cabinets privés et du service de stomatologie de l’hôpital universitaire de Monastir ont été comparés à un groupe témoin de 52 médecins et infirmiers travaillant à l’hôpital Fattouma Bourguiba de Monastir. Les groupes étaient appariés selon le sexe et l’âge. L’étude s’est déroulée sur trois mois. Un questionnaire a recensé les caractéristiques socioprofessionnelles, les expositions non professionnelles au mercure, l’environnement de travail, les différentes techniques de manipulation et de préparation des amalgames et les mesures de prévention et d’hygiène. Des prélèvements urinaires et salivaires ont été effectués de manière à éviter toute contamination mercurielle accidentelle. Le mercure a été dosé par spectrométrie d’absorption atomique dans un échantillonneur automatique, la créatinine urinaire par colorimétrie de Jaffé. Les résultats de mercuriurie ont été exprimés en en μg/g de créatinine, ceux de mercure salivaire en μg/l. L’analyse statistique a été faite sur le logiciel Epi.info 6®. Les tests de khi2 et de Fisher ont servi pour la comparaison des variables qualitatives. Le test d’Anova a été utilisé pour la comparaison des moyennes avec un seuil de signification statistique fixé à 0,05.

Résultats : soixante et un pour cent des sujets exposés exerçaient dans une clinique dentaire. Le bruxisme et l’onychophagie étaient plus importants dans le groupe témoin avec une différence statistiquement significative (respectivement p = 0,01 et p < 0,0001). Les mercuriuries et le mercure salivaire de sujets exposés étaient significativement plus élevées que celles des témoins (respectivement p = 0,001 et p < 0,0001). L’évacuation des déchets d’amalgames était inadéquate dans 94 % des cas. La variation de mercuriurie a été significativement influencée par la présence de rideaux en tissus (p = 0,04). Le repas sur le lieu du travail a entrainé une augmentation significative des taux de mercuriurie (p = 0,04). Le mode de stockage du mercure dans des récipients ouverts était un facteur de variation significatif de la mercuriurie (p = 0,03). Discussion La majorité des cabinets dentaires de Monastir n’applique pas ou de manière peu rigoureuse les mesures de prévention liées au risque d’intoxication mercurielle. Des compagnes de sensibilisation ont débuté et des actions d’amélioration des conditions de travail ont été entamées : mise sous hotte aspirante de toutes sources fixes de mercure, bonne conservation du mercure et des déchets et respect des règles d’hygiène de travail. L’imprégnation mercurielle des dentistes et de leurs assistants dans la ville de Monastir, Tunisie

Mercury impregnation in dentists and dental assistants in Monastir city, Tunisia

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N. Chaari1, , , A. Kerkeni2, S. Saadeddine1, F. Neffati3, T. Khalfallah1 and M. Akrout1

1Service de médecine du travail et de pathologies professionnelles, CHU de Monastir, 1, rue du 1er-Juin, 5000 Monastir, Tunisie

2Laboratoire de recherche sur éléments traces, radicaux libres et antioxydants, département de biophysique, faculté de médecine de Monastir, 5000 Monastir, Tunisie

3Laboratoire de biochimie et toxicologie, CHU de Monastir, 5000 Monastir, Tunisie
Received 9 April 2008; accepted 22 January 2009. Available online 5 May 2009.