Les paramètres du mordançage

Différentes études se sont intéréssées à l’effet du mordançage sur la force d’adhésion de la restauration collée, en faisant varier soit le produit utilisé (gel acide phosphorique à 35% ou à 10%, gel acide maléïque ou plus récement avec des adhésifs auto-mordançants). En ce qui concerne ces derniers, il a été parfois recommandé de mordancer au préalable avec un gel d’acide phosphorique classique afin d’augmenter la force d’adhésion. Nous verrons également ce qu’il en est…

Dans une étude publiée en 1998, des préparations sur l’émail-dentine ont reçu les traitements suivants: gel d’acide phosphorique à 35% (Scotchbond Etching Gel, 3M Dental Products Division, St. Paul, MN, USA)), gel d’acide phosphorique de 10% (All-Etch, Bisco, Inc., Itasca, IL, USA), ou gel d’acide maléique à 10% (Scotchbond Multi-Purpose Etchant, 3M Dental Products Division, St. Paul, MN, USA). Les gels de mordançages ont été appliqués pendant 15 et 60 secondes. Après cette étape, les échantillons ont été rincés avec de l’eau distillée pendant 15 secondes et séchés avec de l’air comprimé pendant encore 15 secondes. Le gel d’acide phosphorique utilisé aux concentrations de 35% et de 10% a produit des modèles micromorphologique semblables au mordançage sur des surfaces d’émail et de dentine après 15 ou 60 secondes d’application. Des temps de mordançage plus importants avec le gel d’acide maléique à 10% ont amélioré les dispositifs rétentifs sur des surfaces d’émail. Cette étude micromorphologique n’a montré aucune différence entre les modèles obtenus après mordançage entre l’acide phosphorique à 35% et 10% après la seconde application de 15 ou 60s sur l’émail. À ces temps et concentrations de mordançage, le modèle le plus souvent observé était le type I de mordançage de Silverstone (Silverstone et autres, 1975), dans lequel c’est le matériaux interne du prisme qui est préférentiellement enlevé laissant la périphérie intacte.

Les études précédentes confirmaient également que ces temps de mordançage n’avaient pas un en effet significatif sur la force d’adhésion (Silverstone et autres, 1975; Barkmeier et autres, 1986; Triolo et autres, 1993; Guba et autres, 1994). Avec les deux concentrations, les temps d’application et les types d’acides, le gel de mordançage a enlevé la couche de débris et ont ouvert les orifices des tubulis dentinaires, comme précédemment montré (Perdigão et Swift, 1994). Cependant, les surfaces d’ivoire ont traité avec le gel d’acide phosphorique de 35% pendant 15 et 60 secondes ont montré un reste de résidu particulaire après rincage. Selon Perdigão et autres (1994), ce résidu de silice épaissit le gel de mordançage et n’est pas entièrement enlevé par le rincage avec de l’eau; cependant la présence d’un résidu de silice n’a pas interféré la liaison de la résine à la structure de dent. Quand la surface dentine a été mordancée avec le gel d’acide phosphorique à 10% pendant 15 ou 60 secondes il n’a laissé aucun débris sur la surface de la dentine parce que ce gel de mordançage s’est mélangé avec du polymère au lieu de la silice (Perdigão et autres, 1994). Avec le gel d’acide maléique de 10% et 15 ou 60 secondes de mordançage, les résidus de couche de débris sont déposés sur la surface dentinaires. Ceci se produit parce que l’acide maléique est organique et a un poids moléculaire plus élevé qui a besoin d’un plus grand temps de réaction acide sur la surface dentinaire (Pashley et autres, 1992).

Dans une autre étude utilisant un adhésif automordançant, douze molaires extraites ont été réparties dans quatre groupes de trois pour observer comment les différents temps mordançage affectent la profondeur de la déminéralisation de la dentine et l’épaisseur et de la morphologie de la couche hybride. Les quatre groupes ont été soumis aux temps de mordançage de 5, 15, 30, et 60 secondes. Pour étudier la couche hybride, 27 molaires supplémentaire ont été réparties par groupes de neuf; chaque groupe a subit un mordançage qui employait un adhésif mono-flacon. En outre, chaque groupe a été divisé en trois sous-groupes, avec trois fois différentes mordançage de 5, 15, et 30 secondes.
Après l’étape du dépot de la couche d’adhésif, les échantillons ont été collés en utilisant un composite Z100 de 3M et les surfaces ont été traités pour l’observation en utilisant un microscope électronique à balayage.
On s’est aperçu, après analyses, qu’il y avait une corrélation directe entre le temps de mordançage et la profondeur de la zone déminéralisée. L’épaisseur de la couche hybride s’est corrélée directement avec le temps mordançage. Un accroissement du temps de mordançage a entrainé une déminéralisation de la surface dentinaire à une profondeur supérieures au niveau de pénétration des monomères de résine pouvaient pénétrer, produisant une couche hybride épaisse et mal infiltrée. La réduction du temps mordançage, en revanche, réduit la profondeur de la zone déminéralisée et peut être efficace pour réaliser une pénétration complète et pour sceller la surface avec la dentine.

Une autre étude sur des temps de 10,15, 30,40 secondes avec de l’acide phosphorique à 35% a montré qu’il n’était pas nécessaire d’agiter le gel sur la surface surtout en cas d’application longue car cela n’augmentait en aucune façon la force d’adhésion du collage. ***

En ce qui concerne l’application préalable d’un gel d’acide phosphorique comme étape supplémentaire lors de l’utilisation adhésifs automordançants, il a été démontré ***, après analyse au microcope électronique, que ce mordançage supplémentaire entrainait certes une augmentation de la force de collage (contrôlés par divers tests mécaniques) mais que parallèlement on assistait à une diminution de l’étanchéité marginale sur l’émail et que par conséquent ce prétraitement acide avant l’application du primer auto-mordançant, devait être réservé aux préparations qui reposaient principalement sur un collage sur l’émail.

* “Morphological Effect of the Type, Concentration and Etching Time of Acid Solutions on Enamel and Dentin ” (1998) Surfaces Mario Fernando de GOES1
Mário Alexandre Coelho SINHORETI1
Simonides CONSANI1
Marcelo A.P. da SILVA2
1 Área de Materiais Dentários, Faculdade de Odontologia de Piracicaba, UNICAMP, Piracicaba, SP, Brasil
2 Instituto de Física e Química, Universidade de São Paulo, São Carlos, SP, Brasil

** The effect of variation in etching times on dentin bonding.
Abu-Hanna A, Gordan VV, Mjor I.
University of Florida College of Dentistry, Department of Operative Dentistry, Gainesville, USA.

*** (Eur J Oral Sci 2004; 112: 293-299)
****(Miguez PA, Castro PS, Nunes MF, Walter R, Pereira PN.

Department of Operative Dentistry, University of North Carolina at Chapel Hill, Chapel Hill, NC 27599-7450, USA. miguezp@dentistry.unc.edu)