Le remboursement des prothèses dentaires mis en péril ?

Le risque dentaire n’est pas un petit risque
par le Dr Hélène Azoury*
helene.azoury@wanadoo.fr
sur quotimed.com

Le « Quotidien du Médecin » et « les Echos » ont fait paraître les 14 et 28 janvier 2003 des commentaires sur le travail d’un groupe présidé par Jean-François Chadelat.

L’axe de réflexion est l’étude de la possibilité du transfert de certaines charges du régime obligatoire vers les assureurs privés et les mutuelles. Les gouvernements aiment diffuser ce type d’informations présentées comme confidentielles pour jauger la réactions qu’une telle réforme susciterait. Déjà Jacques Barrot avait évoqué cette éventualité et provoqué le tollé du monde syndical.
Sont principalement concernées par cette réflexion les dépenses relatives au secteur dentaire. Bon nombre des compagnies d’assurance axent l’essentiel de leurs prestations sur la catégorie des dépenses qui sensibilise la clientèle potentielle (comme la prothèse dentaire). Cette démarche promotionnelle sert à vendre d’autres contrats. Dans ces conditions, comment pourrait-on confier l’argent public à des organismes dont la logique de fonctionnement est bien différente d’un principe de solidarité qui fut à la base de la création de la Sécurité sociale ? Cela aboutirait fatalement à une médecine à deux vitesses. L’assurance-maladie est au service de tous. Son objectif est le partage équitable des ressources qui lui sont confiées, pour fournir aux assurés un accès aux soins de qualité. Il ne faut pas oublier non plus que la Sécurité sociale a entrepris un effort considérable dans le domaine dentaire : l’action menée a été déterminante pour une meilleure prise en charge. Ce travail, accompli en concertation avec la profession a permis une avancée significative: la création de nouvelles cotations, la couverture médicale universelle, l’apparition en 2004 d’une nouvelle classification des actes médicaux (mieux adaptée), la prise en compte de la prévention (bilan bucco-dentaire, remboursement des scellements de sillons). Même si des progrès restent encore à accomplir, il n’y a aucun doute sur l’engagement de l’assurance maladie à gérer le risque dentaire. Pour mener à bien cette mission, l’assurance- maladie peut s’appuyer sur la compétence et l’indépendance des personnes qui travaillent dans cette branche, qu’ils appartiennent au secteur administratif ou médical. Le risque dentaire n’a rien d’un petit risque. Il concerne chacun d’entre nous. Il doit être géré de façon globale par un organisme libre et indépendant de toute pression, pour l’accès de tous aux soins de qualité.

*Secrétaire nationale des praticiens conseils SNFOCOS.