Le point sur l’irrigation sous gingivale

L’irrigation sous-gingivale, en tant qu’adjuvant au débridement semble avoir été décrite pour la première fois par Miller en 1890. Mais c’est depuis les travaux de Pitcher (1980) qu’il a été démontré que pour que le protocole soit efficace l’aiguille devait être enfoncée de trois millimètres sous-gingivalement. Dès lors, et quels que soient la profondeur et l’extension latérale de la poche l’irrigation était totale (Hardy 1982). L’étude fut réalisée par mesure directe sur la surface radiculaire de dents après extraction de dents condamnées. A la suite de l’étude de Soh (1982), il est apparu qu’un protocole d’irrigation domestique à un rythme biquotidien pendant 1 mois (avec brossage mais sans hygiène interdentaire) permettait une réduction de l’inflammation pendant 2 mois après la cessation du traitement. Bien que le degré d’efficacité du diglucanate de chlorhexidine (CHX) soit limité vis à vis des anaérobies, l’essentiel des données dont nous disposons le concerne, les produits dépourvus de substantivité se sont montrés sans effet. (concernant l’irrigation sub-gingivale, l’étude de Bonesvoll et coll. 1974, entre autre, a toutefois permis de déterminer que la chlorhexidine à 0.2% était plus efficace si on l’utilisait deux fois par jour pendant une minute.)
Les concentrations de CHX inférieures à 0,1% se sont montrées inefficaces tant au niveau clinique que bactériologique. Des irrigations avec une solution de tétracycline dosée à 100mg/ml ont montré des résultats prometteurs.Du fait de ses propriétés, l’utilisation de la Chx s’est orientée vers une administration sous forme de bain de bouche, voire d’irrigation sous gingivale en complément du traitement mécanique d’élimination de la plaque. Un tel traitement complémentaire peut s’envisager soit au moment la thérapeutique étiologique, soit après un traitement chirurgical soit enfin en parallèle aux soins parodontaux de soutien (Tenenbaum).

En 2001 une autre étude sur l’utilisation de la doxycycline sur les poches parodontales profondes de patients atteints de parodontites chronique a été effectuée. Une diminution effective de la profondeur au sondage a été constatée sur 6 mois d’étude multicentrique en accompagnement d’un détratrage surfaçage. L’application locale de doxycycline sur des poches parodontales profondes pouvait selon les auteurs être considérée comme une approche justifiée en traitement non chirurgical des parodontites chroniques.
Différents autres produits ont été utilisés sans grand succès dans les études en irrigation sous gingivale de poches parodontales. Le dernier en date est la plante Indienne Streblus Asper connu pour ses effets anti-inflammatoires. L’étude faite en Thailande (Taweechaisupapong S, Intaranongpai K, Suwannarong W, Pitiphat W, Chatrchaiwiwatana S, Wara-aswapati N.) a montré qu’en cas de parodontite chronique, une irrigation d’une solution diluée (80 mg/ml) d’extraits de feuilles de Streblus Asper en cas de parodontite chronique sur 4 semaines associée au détratrage surfaçage permettait de réduire l’inflammation gingivale mais pas la profondeur de poche et d’améliorer le niveau d’attache.La réduction des bactéries observée n’était pas significative et aucun effet sur A. actinomycetemcomitans et/ou P. gingivalis n’a été observé.
Pourtant il reste admis que les différences ne sont pas significatives entre une irrigation par seringue ou par système pulsé. Les hydropulseurs à embout modifié se sont montrés aussi efficaces que les systèmes spécifiques (Water-Pick tip. Teledyne, Fort Collins Co). L’irrigation grâce à un insert ultrasonique n’a pas montré plus d’efficacité. Il se peut que les facultés de dispersion du liquide par un insert soient inférieures à celles d’une aiguille.

Pour les patients des cannules spécifiques pour l’irrigation gingivale en ambulatoire par le patient existent essentielement aux Etats Unis. Ce sont PerioFlex (r), Pocket Care (r) ou encore des système à jet comme Via-Jet (r). Des solutions d’irrigation sous gingivale comme Therasol (r) à base d’alcool à 6,4% sont également sur le marché.
A l’heure actuelle, et étant donné les limitations des antiseptiques et des antibiotiques vis à vis des anaérobies, on se tourne vers des produits comme le péroxyde d’oxygène, capables de modifier le potentiel redox jusqu’à un niveau suffisant pour interdire toute croissance anaérobie.
L’irrigation sous-gingivale réduit le nombre de bactéries de la poche, de façon plus prononcée et plus durable lorsqu’elle est précédée d’un surfaçage. Une amélioration de l’état parodontal est obtenue. Cependant, cet effet microbiologique et clinique est transitoire si l’administration n’a pas lieu de façon répétée. Les études évaluant l’effet clinique supplémentaire des antiseptiques au détartrage-surfaçage donnent des résultats variés. Seule l’irrigation avec la povidone-iodine, en irriguant des ultrasons, a permis de noter de façon significative une amélioration des niveaux d’attache (ROSLING et coll., 1986). Toutefois des résultats préliminaires utilisant des applications répétées ou prolongées etd es concentrations élevées sont prometteurs. L’irrigation sous-gingivale d’antibiotiques dans le cadre du traitement de la parodontite n’est pas recommandée (accord professionnel). Selon l’AHS l’irrigation sous-gingivale d’antibiotiques dans le cadre du traitement de la parodontite n’est pas recommandée (accord professionnel).
L’irrigation sous-gingivale présente un grand intérêt lorsque le surfaçage est difficile à réaliser du fait de facteurs anatomiques par exemple.
En maintenance parodontale elle peut être d’un grand secours :”En dehors de l’application de pâtes anti-inflammatoires ou antiseptiques (pâte de Keyes), c’est l’irrigation sous-gingivale qui est le plus couramment pratiquée. Quel que soit le médicament employé, l’irrigation est effectuée avec une aiguille mousse montée sur seringue jetable. L’aiguille, qu’on a souvent intérêt à couder, est introduite aussi loin que possible sans saignement ni douleurs . La solution est poussée sous faible pression et doit circuler doucement pendant 40 à 60 secondes dans chaque site.” (M. Yardin-M Perrin-J Abjean-JF Michel)

Hardy J. H., Newman H. N., Straham J. D. Direct irrigation and sous-gingivale plaque. J Clin Periodontol 1982, 9 : 57-65.
Miller W. D. The micro-organisms of the human mouth : the local and general diseases which are caused by them. Philadelphia : SS white, 1890.
Pitcher G. R., Newman H. N., Straham J.D. Access to sous-gingivale plaque by disclosing agents using mouth rinsing and direct irrigation. J Clin Periodontol 1980, 7 : 300-308.
Soh L. L., Newman H. N., Strahan J.D. Effects of sous-gingivale chlorhexidine irrigation on gingival inflammation. J Clin Periodontol 1982, 9 :66-74.
Workshop 1996. In Proceedings of the 2nd European Workshop on Periodontology. Chemicals in Periodontics. Ed Quintessenz Berlin 1997.p 427.
Chirurgie et Pathologie ADF 1998 Les médications locales Marie-Laure Colombier
L’irrigation sous-gingivale : effets cliniques et bactériologiques. – TIC J. – – 1995
J Parodontol, 1995 ; 14 (1) : 43-62
LA MAINTENANCE APRÈS TRAITEMENTS. M. Yardin*-M Perrin-J Abjean-JF Michel MArs 2003 Question d’internat
Clinical and microbiological effects of subgingival irrigation with Streblus asper leaf extract in chronic periodontitis.Taweechaisupapong S, Intaranongpai K, Suwannarong W, Pitiphat W, Chatrchaiwiwatana S, Wara-aswapati N.
Faculty of Dentistry, Khon Kaen University, Khon Kaen, Thailand
J Clin Periodontol. 2001 Aug;28(8):753-61. Links
Utilisation of locally delivered doxycycline in non-surgical treatment of chronic periodontitis. A comparative multi-centre trial of 2 treatment approaches.