Eviter et traiter les tâches dues aux apareillages fixes

Une coloration de l’émail des dents due à un traitement par des appareils orthodontiques fixes, sous forme de tâches brunes ou grise est, heureusement, un cas peu fréquent mais une décalcification légère de surface et des tâches blanches ne sont pas des résultats rares après la dépose des brackets et des bagues orthodontiques sur des dents précédemment saines et non marquées.
Le problème le plus fréquent survient généralement lorsque la plaque dentaire n’est pas suffisamment nettoyée pendant le traitement orthodontique. Il y a alors formation de lésions en tache blanche sur l’émail (ce que les américains appellent “white spot lesion”.) A cause de la déminéralisation de surface, la densité et la qualité de l’émail sont affectées, et l’apparence de la surface dentaire change. C’est le signe que l’acide des bactéries a commencé à dissoudre l’émail qui prend alors une couleur blanc opaque. Ce sera une zone plus propice à la carie qu’il faudra surveiller régulièrement.


En ce qui concerne les moyens de traitement à notre disposition, il s’agira dans un premier temps d’éliminer toute trace qui pourrait être due à un dépôt de plaque par un détartrage soigneux à l’aide d’insert ultrasonique pour vérifier si la coloration est réversible.
Ensuite seulement, on pourra envisager une technique de blanchiment au cabinet dentaire avec du Peroxyde d’Hydrogène.
Puis éventuellement dans des cas plus sévère, penser à des techniques plus sophistiquées comme la micro-abrasion (épaisseur de moins de 1mm ou la tâche concerne la moitié de l’épaisseur de l’émail) et l’infiltration par de la résine composite après fraisage de l’émail et dans des cas les plus graves de colorations, la technique de choix sera les facettes céramiques après micro-abrasion. C’est ce cas que nous allons décrire ici.
Ces cas ont été rapportées comme se produisant plus souvent sur les incisives latérales supérieures et les premières molaires permanentes (Artun et Brobakken, 1986). Bishara et all. (1987) a décrit le processus de la micro-abrasion comme étant un traitement simple pour enlever ces zones de décalcification et également les taches provoquées par les agents extrinsèques. Des taches extrinsèques peuvent être provoquées par l’alimentation, le tabagisme, les bactéries chromogènes, et les médicaments telles que des supplémentations en fer, ou des antibiotiques comme la chlorhexidine et la minocycline. On a également suggéré que les produits de corrosion des brackets et des bagues orthodontique orthodontiques puissent être responsables de la décoloration des dents (Gwinnett, 1982). On mentionne plus rarement des cas de tâches d’émail extrinsèque par des traitements orthodontiques sur des dents qui ont déjà un défaut identifiable d’émail, si c’est une zone d’hypomineralization ou plus répandue, comme l’amelogenèse imparfaite. Ceen et Gwinnett (1980) ont rapporté un cas de tâches verdâtre-noire sous une bracket orthodontique sur une incisive centrale correspondant au secteur où une lésion blanche diffuse a été notée sur les photographies de prétraitement.
Deux cas de tâches peu commune ont été rapportés, se produisant au bord d’une bracket antérieure produisant une tache vert-noire et l’autre qui sont survenues sous les bagues antérieures produisant une tache rouge-brun. Les deux patients ont été diagnostiqué avec une hypomineralisation généralisée de leur émail avant le traitement orthodontique.

Nous allons vous présenter un cas “extrême” de coloration de l’émail après traitement orthodontique présenté dans l'”European Journal of Orthodontics”.
En effet ces colorations de l’émail surviennent souvent sur des dents déjà atteint d’hypominéralisation, le traitement orthodontique jouant alors le rôle de facteur aggravant de ces lésions de l’émail.
Il faut préciser dans le cas présenté ci dessous que le traitement orthodontique avait été effectué sur des dents atteints d’amélogénèse imparfaite qui est un défaut de minéralisation de l’émail lors du développement des dents.
Le collage des brackets avait été effectué en routine avec les procédures classiques. (mordançage à 30 % avec de l’acide chlorydrique pendant 1 minutes et utilisation d’un composite autopolymérisable. (ConciseTM (3M Unitek, Bradford, U.K.)). Des échecs répétés de collage des brackets en antérieur avaient poussé le praticien a collé avec un ciment verre ionomère. Le traitement dura au total 26 mois et les bagues furent en place entre le 15ème et le 24 ème mois.

Figure 1 : tâches brunes après dépose de l’apareil orthodontique

Une microabrasion a été effectuée en utilisant une pâte de ponce fine + acide hydrochlorique à 18 % qui a permit de réduire l’intensité de la teinte mais ne l’enlève pas complètement. (Figure 2) Les dents antérieures supérieures ont été préparée pour des facettes céramiques. Les facettes céramiques ont été placées sur les dents et un résultat esthétique satisfaisant a été obtenu.

Figure 2 : réduction de l’intensité de la coloration après microabrasion

Figure 3 : préparation pour facettes

Figure 4 : vue antérieure après la pose des facettes.

Figure 5 : vue antérieure après la pose des facettes.

Une coloration indélibile de l’émail après traitement orthodontique a été rapportée et l’effet de ceci dans les patients où l’émail est déjà atteint par un défaut de minéralisaton peut être grave. Ceen et Gwinnett (1980) ont démontré la décoloration post orthodontique d’un secteur ou on avait précédement détecté une lésion blanche diffuse, du à une hypominéralisation. Kostlan et Plackova (1962) ont prouvé que les zones d’hypominéralisation, qui apparaissent comme des point blancs à la surface de l’émail possèdent un volume sous-jacent relativement plus grand. Un mordançage acide de cette lésion plus poreuse peut ouvrir une voie pour permettre à de la résine composite fluide de pénétrer la zone plus en profondeur. On pense que la majorité des colorations résultent par la suite d’une infiltrations par des ions métal libérés par la corrosion des attachements métalliques (Maijer et Smith, 1982). Gwinnett (1982) a postulé que, chez certains patients, il existait des conditions favorisant la corrosion des brackets. Une combinaison d’accumulation de plaque associé à un pH acide et la présence de salive riche en chlorure peuvent être des conditions favorables à la corrosion. Des fissures dans la résine de collage à la base des brackets et à l’emplacement de la décoloration ont été remarquée au microscope électronique à balayage. Ces fissures ont pu avoir provoqué un phénomène de corrosion et le dégagement des produits de décomposition de l’acier inoxydable. La couleur de la tache peut donner un certain indice quant à son origine. Des dépôts noirs sont associés généralement à la corrosion de l’acier inoxydable. L’aspect vert de la tache peut être due à l’oxyde de chrome, au fluorure de chrome, au fluorure de nickel et au phosphate hydratés de nickel. La décoloration verdâtre-noires vue au cas serait susceptible d’être dû à une combinaison de ces composés. En revanche, les tâches brun-rougeâtre sont typiques de l’oxyde de fer et peuvent être dues à une perte localisée de résine de collage sous le brackets avec une corrosion associée. Afin d’empêcher que de telles tâches surviennent, Gwinnett (1982) a recommandé que le praticien devrait être suffisament vigilant pour détecter assez tôt un manque de résine de collage et de dissolution de métal à la périphérie des brackets. Un soin particulier devrait être pris avec les brackets réutilisables, en particulier celles faites à partir du Type 304 (alliages d’acier inoxydable). Cet alliage est sujet à la corrosion et la réutilisation peut à la longue réduire la résistance à la corrosion. L’utilisation de métal résistant à la corrosion (alliages de type 316L), et des attachements non métalliques devraient être préférées. Des anomalies de formation de l’émail, localisées ou généralisées, doivent également être considérées comme des facteurz de risque pour toutes taches indélibiles de l’émail après traitement orthodontique en appareillage fixe.
Dans les cas les plus courant, la prévention et l’hygiène bucco-dentaire restent le meilleur moyen pour limiter au maximum le risque de coloration.
Une étude Norvégienne * a montré que les lésions après traitement orthodontique survenait moins fréquemment chez les patients à qui l’on enseignait des techniques d’hygiène bucco dentaire approprié et pour lesquel on prescrivait un bain de bouche au fluorure. cette étude a également montré que les dents les plus fréquemment atteintes étaient les incicives latérales supérieures et les canines et prémolaires inférieures.

Références :
Artun, J. and Brobakken, B. O. (1986) Prevalence of carious white spots after treatment with multi-bonded appliances, European Journal of Orthodontics, 8, 229–234.
Bishara, S. E., Denehy, G. E. and Goepferd, S. J. (1987) A conservative post-orthodontic treatment of enamel stains, American Journal of Orthodontics and Dentofacial Orthopaedics, 92, 2–7.
Ceen, R. F. and Gwinnett, A. J. (1980) Indelible iatrogenic staining of enamel following debonding, Journal of Clinical Orthodontics, 14, 713–715.
Gwinnett, A. J. (1982) Corrosion of resin-bonded orthodontic brackets, American Journal of Orthodontics, 82, 441–446.
Kostlan, J. and Packlova, A. (1962) The histological investigation of the developmental hypomineralized areas of the enamel and their comparison with the carious lesion, Archives of Oral Biology, 7, 317–326.
Maijer, R. and Smith, D. C. (1982) Corrosion of orthodontic bracket bases, American Journal of Orthodontics, 81, 43–48.

Source :Journal of Orthodontics, Vol. 27, No. 4, 303-306, December 2000
British Orthodontic Society Clinical Section

Unusual Indelible Enamel Staining Following Fixed Appliance Treatment
S. J. Hodges, B.D.S., M.SC., M.ORTH., F.D.S. (ortH.)1, R. J. Spencer, B.D.S., M.SC., M.ORTH., F.D.S. (ortH.)1 and S. J. Watkins, B.D.S., M.SC., F.D.S. (resT. DenT.)2
1 Departments of Orthodontics and
2 Conservative Dentistry, Eastman Dental Hospital, Grays Inn Road, London WC1X 8LD, U.K.

* Prevalence of carious white spots after orthodontic treatment with multibonded appliances
Jon Årtun and Bjørn O. Brobakken
Department of Orthodontics, University of Oslo Norway Dr J Årtun, Department of Orthodontics, University of Oslo, Geitmyrsvn 71, Oslo 4

Source : http://www.blanchiment-dentaire.com