Convergence oculaire et SADAM

La convergence oculaire a été évoquée comme une cause possible de SADAM. Il ne nous a jamais semblé qu’elle puisse être mise en cause dans l’étiologie du SADAM. Cependant, il a été constaté que les patients atteints par le SADAM présentaient un manque de convergence.

Une étude a été réalisée par Héloïse Franki dans le cadre d’un mémoire de Science et Technique d’Optique Physiologique, d’Optique de Contact et d’Optométrie réalisé à l’Université de Paris Sud (XI) et intitulé : “Répercussions d’un fonctionnement anormal des articulations temporo-mandibulaires sur la vision binoculaire”.

Nous vous en donnons les résultats par un article qu’elle a adjoint à son mémoire.

Le corps humain tout entier subit les conséquences d’une défaillance localisée. Cette notion d’ostéopathie permet de comprendre les répercussions observées d’un problème de l’articulation temporo-mandibulaire (A.T.M.) sur les capacités de convergence. Il semblerait que la contracture des muscles de la mastication crée une tension de l’os zygomatique sur lequel ils sont fixés. Cette tension entraînerait une altération de l’équilibre orbitaire provoquant l’amoindrissement de l’action des muscles droits internes.

Les résultats de cette étude confirment l’existence d’un bris éloigné chez les sujets caractérisés par un problème de l’A.T.M. ; les capacités de recouvrement n’étant pas altérées. En outre, une exophorie marquée en vision de près a été mise en évidence chez ces mêmes sujets, tandis que la phorie de vision de loin et les capacités accommodatives ne présentent aucune anomalie.

Une insuffisance de convergence associée aux troubles de l’A.T.M. a été constatée dans la pratique clinique ostéopathique. Cette insuffisance de convergence a été observée mais non étudiée dans les conditions réelles du Syndrome Algo-Dysfonctionnel de l’Appareil Manducateur (S.A.D.A.M.). Cette étude fera l’analyse du Punctum Proximum de Convergence (P.P.C.) et d’autres comportements visuels de deux échantillons distincts. Le but est de savoir si les sujets avec problèmes de l’A.T.M. présentent significativement plus de troubles de la coordination binoculaire par rapport aux sujets sans anomalie de l’A.T.M.

Population et matériel

Les sujets présentant une ou plusieurs des caractéristiques suivantes n’ont pas été intégrés aux échantillons d’étude :

-une amblyopie

-un strabisme

-une maladie oculaire ou systémique

-une hyperphorie supérieure à 0,5D ou une cyclophorie

-un âge non compris entre 10 et 55 ans

-Antécédents de rééducation visuelle.

Procédure expérimentale

1) Testing optométrique :

-mesure de l’acuité visuelle

-taille et forme des pupilles

-réflexes pupillaires

-mesure de l’ouverture palpébrale

-skiascopie statique

-détermination de la compensation maximale convexe

-évaluation du port de tête et de la posture pendant la lecture

-comparaison du réflexe visuo-postural à la distance de Harmon

-test de motilité oculaire avec le H-test

-convergence au près

-masquage

-mesure de la phorie horizontale grâce au cylindre de Maddox

-mesure de la phorie horizontale par la méthode de Von Graeffe

-test du filtre rouge

-mesure du punctum proximum d’accommodation

2) Testing orthodontique :

-classement de l’occlusion suivant la norme anatomique des positions osseuses et dentaires

-palpation des A.T.M.

-estimation de l’amplitude de l’ouverture buccale

-observation du mouvement d’ouverture

-écoute des bruits articulaires

-appréciation de la déglutition salivaire.

Discussion

-Sujets ayant été visuellement rééduqués :

Bien que les sujets ayant fait de la rééducation visuelle n’aient pas été intégrés aux échantillons d’étude, ils ont tout de même fait l’objet d’un bilan visuel et articulaire. Il s’avère que tous ces sujets présentent une perturbation dans le fonctionnement de leurs A.T.M.. Les convergences mesurées se révèlent particulièrement performantes. La rééducation visuelle semble donc efficace à long terme, même si le problème articulaire n’est pas résolu.

-Tests utiles non réalisés :

Afin que le testing optométrique ne soit pas trop long, une sélection a été faite parmi les nombreux tests utiles. L’étude des vergences aurait été intéressante puisque les amplitudes de fusion ne sont généralement pas dans les normes dans le cas d’une insuffisance de convergence.

En outre, au test du P.P.C., les sujets présentant une insuffisance de convergence ont des résultats normaux ou meilleurs avec un test stimulant l’accommodation par rapport à un test fait avec un stylo-lampe seul ou associé à un filtre rouge sur un њil. Si la mesure du P.P.C. avait été faite suivant différentes méthodes pour chaque sujet, elle aurait permis de fournir davantage de renseignements.

La bibliographie révèle une tendance à observer le bris de l’њil situé du côté où la bouche dévie. Or, dans notre étude, le côté de la déviation n’étant pas toujours précisé, il ne nous est pas possible de le comparer à celui du bris de la convergence.

Conclusion

L’étude de l’anatomie du crâne permet de mettre en relation le système visuel et le système manducateur par l’insertion du muscle masséter. Il semble qu’un spasme de ce muscle crée une tension de l’os zygomatique sur lequel il s’attache et que cette tension entraîne une contracture réflexe du muscle droit externe.

Bien que les capacités de recouvrement ne semblent pas affectées chez les sujets à problèmes d’A.T.M., les capacités de convergence sont fortement amoindries. En outre, la posture hétérophorique de vision de près se révèle significativement plus divergente chez ces mêmes sujets par rapport à ceux qui ne présentent pas de problèmes d’A.T.M.. En ce qui concerne la valeur moyenne de l’hétérophorie en vision de loin, elle est identique pour les deux échantillons étudiés. L’analyse des phories VL et VP met en évidence une valeur moyenne de rapport AC/A plus faible en présence d’un dysfonctionnement de l’A.T.M.. Les capacités accommodatives, quant à elles, correspondent aux attentes pour l’âge.


SOURCE web : Site de Jean Marie LAndouzy : http://www.fraternet.org/seret/index.htm

Bibliographie

1- LANDOUZY Jean-Marie. Les A.TM., Evaluation, Traitements Odontologiques et Ostéopathiques. Editions Verlaque, mai 1993.

2- MAILLART Sandrine. Incidence de la modification de la position de la mâchoire et des pieds sur certains comportements visuels. Mémoire d’optométrie, Bruxelles, 1996, p 2 ; pp 42-43 ; 65-67.

3- VASSILOPOULOU Adonia-Ionna. Les hétérophories. Mémoire d’optométrie,U.P.S.,1994, pp 10-20 ; 24-27 ; 30-45 ; 52-65 ; 77-81.

4- LEVY – SCHOEN A..L’étude des mouvements oculaires. Edition DUNOD, 1969, pp 133-139.

5- GRIFFIN John R. and GRISHAM J.David. Binocular Anomalies – Diagnosis and vision therapy. Edition : Butterworth-Heinemann,1995, p5 ; pp 34-35 ; 44-46 ; 64-65 ; 88-91 ; 233-238.

6- VON NOORDEN Gunter K.. Binocular Vision and Ocular Motility – theory and management of strabismus. Second edition. Edition : The C.V. Mosby Company, 1980, pp 150-157 ; 406-408.

7- DUKE-ELDER Stewart. La réfraction (version traduite). Septième édition. Edition : Librarie Maloine, 1966, pp129-137 ; 147-148 ; 157-159 ; 169-172.

8- SCHEIMAN Mitchell, WICK Bruce. Clinical Management of Binocular Vision – Heterophoric, Accommodative, and Eye Movement Disorders. Edition : J.B. LIPPINCOTT COMPANY, 1994, pp 225-246.

9- GRESSET Jacques. Vision Binoculaire – cours d’uniformisation des connaissances, 1981, pp 24-27 ; 33 ; 35 ; 46 ; 59 ; 64-65 ; 69-70 ; 111-116.

10- GOSS David A.. Ocular Accommodation, Convergence, and Fixation Disparity – A Manual of Clinical Analysis. Second edition. Editions : Butterworth Heinemann, 1995, pp 9-13 ; 23 ; 40 ; 95-107 ; 135-142.

11- GRAVES P.M.. Vision Binoculaire – cours d’optique physiologique et d’optométrie. Edition : Editions scientifiques riber, 1966, p 8 ; pp 53-55 ; 59 ; 102-105 ; 113-114.

12- LABAKI Rita. L’insuffisance de convergence. Mémoire d’optométrie, U.P.S., 1987, pp 4-9.

13- GRESLE Yann. Insuffisance de convergence. Mémoire d’optométrie, U.P.S., 1997, pp 1-3 ; 7-9 ; 37 ; 40.

14- MICHAELS David D.. Visual Optics and Refraction – A clinical approach. Edition : the C.V. Mosby Company, 1985, pp 360-387.

15- EVANS Bruce J.W. .Pickwell’s Binocular Vision Anomalies – Investigation and treatment. Third edition. Edition : Butterworth-Heinemann, 1997, pp 5-7 ; 22-26 ; 43-50 ; 84-92.

16- MIHOUT B. et LOUARN F.. L’oculomotricité, son organisation, ses perturbations d’origine centrale en neurologie. Edition Masson, 1980, p 126.

17- BOUCHET Alain, CUILLERET Jacques. Anatomie topographique, descriptive et fonctionnelle (la face, la tête et les organes des sens). Edition : Simep, 1980. p 20 ; pp 27-58 ; 173-179 ; 194-200 ; 204-213.

18- ROUVIERE H.. Précis d’anatomie et de dissection. Edition Masson, 1976, pp 193-202 ; 223-227 ; 245-249 ; 255-257.

19- WEISS J-B.. Déséquilibres oculomoteurs et coordimètre. Edition : C.E.R.E.S., 1992, pp 16-17.

20- QUERE M.A.. Physiopathologie clinique de l’équilibre oculomoteur. Edition MASSON, 1983, pp 1-3.

21- HÜE Olivier. Manuel d’occlusodontie. Editions : Masson, 1992, pp 18-19 ; 25-33 ; 41-49 ; 61-74 ; 129-137.

22- ROZENCWEIG Georges, LEBRE Gérard, BROCARD Daniel et al. . L’Orthodontie Française. Volume 69 (Tome 1). Edition de la S.F.O.D.F. (Société Française d’Orthopédie Dento-Faciale), 1998, pp 27-59 ; 69-77.

23- DEFRENNES Dominique, DE JAEGHER Philippe, GUILLAUMOT Geneviève et al.. L’Orthodontie Française. Volume 67 (Tome 2). Edition de la S.F.O.D.F, 1996,pp 187-191 ; 193-212 ; 217-229 ; 231-245 ; 247-256.

24- GOLA R., CHEYNET F., GUYOT L et al..L’Information Dentaire. N°39. 13 novembre 2002, pp 2973-2981.

25- LALUQUE Jean-François, BROCARD Daniel, BOILEAU Marie-José et al.. L’Orthodontie Française. Volume 73 (n°2). Edition de la S.F.O.D.F., juin 2002, pp 147-149 ; 153-157 ; 202-204.

26- DEBLOCK Louis, VIDAILHET Béatrice, MALHER Patrick et al.. Revue d’Orthopédie Dento-Faciale. Volume 35 (n°1). Edition Internationale, 2001, pp 21-76.

27- DEBLOCK Louis, PETITPAS Laurent, GOLA Raymond. L’Orthodontie Française. Volume 71. (n°3). Edition de la S.F.O.D.F., septembre 2000, pp 207-231.

28- LAPLANCHE Olivier, PEDEUTOUR Pierre, ORTHLIEB Jean-Daniel. Information Dentaire. N°5. 30 janvier 2002, pp 255-259.

29- LOPEZ Yvon. L’Orthodontie Française. Volume 71 (n°1). Edition de la S.F.O.D.F., janvier 2000, pp 21-25.

30- DEBLOCK Louis, VIDAILHET Béatrice. Revue d’Orthopédie Dento-Faciale. Volume 34 (n°1). Edition Internationale, 2000, pp 155-173.

31- CHABRE Claude, DELAIRE Jean. L’orthodontie française. Volume 64. Edition : S.F.O.D.F., 1993, pp 19-24 ; 48-52.

32- LE GALL Michel. L’Orthodontie Française. Volume 70 (Tome 1). Edition de la S.F.O.D.F., 1999, 29-34.

33- QUEDILLAC Joelle. Њil Oculomotricité Posture. Mémoire d’optométrie UPS, 1988, pp 1-3 ; 12-14 ; 19 ; 23-24.

34- LOUIS José. L’њil : test ostéopathique. Conférence présentée au 8ème congrès d’optométrie et d’optique de contact à Dijon les 27 et 28 janvier 1985, pp 2-3 ; 10 ; 15-16 ; 20-21 ; 31-32.

35- ISSARTEL Lionelle, ISSARTEL Marielle. L’ostéopathie exactement. Editions : Robert Laffont, 1983, p 34 ; pp 38-40 ; 63-72 ; 85 ; 97-98 ; 110-114 ; 119-120.

36- LE CORRE François, TOFFALONI Serge. L’ostéopathie. Editions : Presses Universitaires de France, 1996, pp 26-34 ; 99-106.

37- Encyclopédie visuelle du CORPS HUMAIN. Edition : Gallimard, 2001, p 67 ; 87 ; pp 124-125.

38- PARDON Bruno. Apports de l’ostéopathie à l’optométrie dans l’exemple de la myopie. Mémoire d’optométrie, U.P.S., 1993, pp 15-30.

39- PIPE D.M., RAPLEY L.J..Ocular Anatomy And Histology. Edition : The Association Of British Dispensing Opticians, 1997, p 84; 91; pp 203-228.

40- HART William M., Jr. Coord.. Adler’s physiology of the eye. Ninth edition. Edition : Mosby-Year Book,1992, pp 101-116 ; 412-440.

41- OYSTER Clyde W.. The Human Eye – structure and function. Edition : Sinauer Associates, 1999, pp 411-440.

42- JEANNAS Jean-Claude.. L’examen visuel. Médiacom vision éditeur, 1991, pp 31-43 ; 61-69 ; 72-73.

43- BORISH Irvin M.. Clinical Refraction. Edition : The professional Press, 1970, pp 189-251.

44- THIBAULT A.. Etude de l’influence d’un exercice d’auto-ostéopathie crânienne sur la myopie et les phories. IFOF Bulletin numéro 57 – Mars / Avril 2000, pp 2-5.