Virus de l’hépatite C : données épidémiologiques actuelles en France

L’évolution récente des données épidémiologiques concernant le virus de l’hépatite C (VHC) est marquée par une incidence en baisse, une prévalence en plateau, l’amélioration du dépistage et de la prévention, la modification des populations à risque et par une meilleure efficacité des traitements.

L’incidence (nombre de nouvelles séroconversions), en baisse depuis 1990, elle est estimée actuellement à 5 000 nouveaux cas par an, dont 70 % chez des usagers de drogues.

Prévalence

La prévalence (nombre de patients virémiques) a été estimée de 400 000 à 500 000 cas en 1994. Son estimation actuelle, imprécise, devrait tenir compte de l’amélioration du dépistage, de l’augmentation de la proportion de patients guéris grâce au traitement et des patients décédés du VHC (estimés à 4 000 cas/an) ou d’autres causes. Ayant atteint un plateau, sa diminution sera lente du fait de la chronicité de la maladie. Ce plateau est caractérisé par l’augmentation des cas à évolution prolongée et à risque élevé de complications (cirrhose, carcinome hépato-cellulaire).

Nouveaux diagnostics

Les nouveaux diagnostics, initialement réalisés devant des anomalies cliniques ou biologiques, sont aujourd’hui dépistés essentiellement chez des sujets à risque, asymptomatiques. Leur nombre est estimé entre 15 000 et 18 000 par an.
Le VHC se caractérise par :
– sa transmission essentiellement parentérale :
– sa forte contagiosité ;
– sa résistance en dehors du milieu biologique.

Transmission

L’usage de drogues intraveineuses est aujourd’hui le principal facteur de risque de contamination (cf. encadré). On en rapproche l’usage de drogues par voie intranasale du fait du partage de la paille à « sniffer » et des lésions muqueuses occasionnées. Malgré la vente libre des seringues, le risque persiste, attribué au partage du petit matériel de préparation des injections et à celui des seringues. Il serait maximal lors des premières injections et en milieu carcéral.
Les cas de transmission transfusionnelle sont aujourd’hui réduits du fait de l’éviction du don du sang des sujets à risque. Les rares cas résiduels sont liés à l’absence de marqueurs viraux sérologiques avant la séroconversion, empêchant le dépistage à ce stade (environ 5 cas par an).
La transmission nosocomiale est réduite depuis la généralisation de l’utilisation du matériel à usage unique et l’amélioration de la stérilisation du matériel médico-chirurgical non jetable (endoscopie, dialyse…). Le problème peut néanmoins se poser lors de l’utilisation de matériel mal désinfecté.

La transmission de praticien à malade, lors d’intervention chirurgicales ou dentaires sanglantes, reste exceptionnelle, tandis que le risque d’exposition professionnelle est estimé de 3 à 5 % (voire 10 % en cas de virémie très importante). La transmission mère-enfant, rare (5 à 10 %), parait liée à la charge virale maternelle et pourrait survenir au moment de la naissance. L’allaitement n’augmenterait pas le risque, en revanche nettement majoré (20 à 30 %) en cas de co-infection VHC-VIH.
L’utilisation d’objets de toilette contaminés, les tatouages et percings peuvent être à l’origine d’une contamination. La transmission sexuelle n’est pas prouvée : l’ARN viral, présent dans le sang menstruel, est absent des sécrétions vaginales et inconstant, et à de très faibles concentrations, dans le sperme. Dans 20 % des cas, le mode de transmission n’est pas identifié.

Améliorations futures

Les améliorations futures passeront par :
– l’amélioration de l’information et de la prévention dans les populations les plus à risque (usagers de drogues, milieu carcéral) ;
– l’extension du dépistage des nouveaux cas, incidents ou anciens ;
– l’amélioration de la prise en charge diagnostique et thérapeutique des nouveaux cas dépistés.

Dr Hélène AGOSTINI
Hépato-gastro-entérologue, Paris

Chez les usagers de drogues

Principales caractéristiques des infections chroniques par le VHC survenant chez les usagers de drogue :
– sujets plus jeunes,
– plus souvent des hommes,
– VHC principalement de génotype 3, moindre génotype 1a,
– co-infection VHC-VIH (10 à 300 % des infections VI), accroît la réplication du VHC,
– évolution plus prolongée et risque supérieur de cirrhose et carcinome hépato-cellulaire,
– fibrose hépatique d’évolution plus lente,
– meilleure réponse au traitement.

Source “le Quotidien du Médecin” 1 Octobre 2002