Si rien n’est fait, les dentistes libéraux vont disparaître

Jean-Claude Michel, président du syndicat national des chirurgiens dentistes s’exprimait ce Vendredi 3 décembre dans le jourtnal de Saöne et Loire.
« Si rien n’est fait les dentistes libéraux vont disparaître »

Le syndicat des chirurgiens dentistes de Saône-et-Loire (qui représente 80 % des praticiens libéraux du département) tenait hier son assemblée générale annuelle à Chalon, en présence de son président national, Jean-Claude Michel, qui a bien voulu répondre à nos questions.
Le JSL : Pourquoi êtes-vous présent à cette assemblée, le contexte le justifie-t-il ?
J.-C. Michel : « Je tiens à être près des départements qui composent et animent la confédération nationale. Actuellement c’est vrai, notre profession est confrontée à un certain nombre de problèmes. La réforme de l’assurance maladie votée en Août dernier, pour réaliser des économies indispensables, n’est pas encore déclinée pour les chirurgiens dentistes. Ils sont donc légitimement inquiets en attendant de savoir ce qui sera décidé. Ils sont souvent montrés du doigt alors que sur les 13 milliards d’euros de déficit, 2,4 euros « seulement » sont imputables au dentaire ».
Le JSL : Les dentistes qualifient leur profession de « sinistrée ».
J.-C. Michel : « Notre profession connaît un malaise certain. On passe les deux-tiers de notre temps à ne réaliser qu’un tiers de notre chiffre d’affaires. et celui-ci ne couvre pas nos charges d’exercice ! Parallèlement on ne cesse d’améliorer notre matériel et nos techniques pour garantir la santé de nos patients, or ces améliorations ne sont pas prises en charge par un financement supplémentaire de l’assurance maladie. »

Le JSL : Que répondez-vous à ceux qui disent que « les dentistes vivent plutôt bien » ?
J.-C. Michel : « Notre but n’est pas de faire pleurer dans les chaumières mais d’énoncer des réalités. Nous ne souhaitons qu’une chose, c’est que l’activité dentaire dépende des soins et non des prothèses ! Les soins sont le fondement même de notre métier, or depuis 1985, ils ne nous permettent plus de vivre ! Une extraction, aujourd’hui, c’est 20, 90 euros. Si les soins de base sont augmentés, nous sommes évidemment prêts à baisser les prothèses ! Nous ne volons pas les gens mais il faut bien que nous compensions avec les prothèses le manque à gagner des soins. Ce que nous voulons, c’est soigner mieux, précocement et au prix juste ».
Le JSL : Est-ce un vњu pieux, ou pensez-vous que des solutions sont possibles ?
J.-C. Michel : « Nous comptons beaucoup sur la réforme de l’assurance maladie avec un plan de santé bucco-dentaire. Il faut que nous soyons reconnus des pouvoirs publics et que nous cessions d’être les parents pauvres de l’assurance maladie. Personne ne conteste la qualité des soins que nous dispensons, et on ne peut nous reprocher ni surconsommation ni gaspillage. Il faut que les pouvoirs publics aient le courage de revaloriser les soins conservateurs ».
Le JSL : Sinon ?
J.-C. Michel : « Sinon les dentistes libéraux vont disparaître, notre profession, qui est difficile, va s’éteindre. On ne peut pas créer aujourd’hui un cabinet dentaire si on n’a pas au moins 120 000 euros pour le matériel. Or quand on démarre on ne peut pas amortir les dépenses qu’avec des actes de soins. Cela n’incite pas nos jeunes confrères à s’installer dans des zones plus ou moins déshéritées ! Il y a déjà des zones carencées, mais si rien n’est fait, ce sera pire dans les années qui viennent ».
Propos recueillis par M.-C. Baron-Fagé

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