SANTÉ DENTAIRE : PAS ASSEZ DE PREVENTION EN FRANCE

PARIS, 26 novembre (Reuters Santé) – Les actions de prévention dans le domaine de la santé bucco-dentaire pourraient être développées, soutiennent les Drs Dominique Bois, Jacques Massonnaud et Jacques Melet, tous trois chirurgiens-dentistes, dans un rapport qui vient d’être remis au ministre de la Santé, Jean-François Mattei.

Alors que se tient à Paris le congrès de l’Association dentaire française, le rapport sur l’odontologie consacre un chapitre entier aux moyens de mettre en oeuvre un accès égal à la prévention.

“L’assurance maladie a mis en oeuvre une campagne de prévention ciblée sur les adolescents. Les initiatives diverses sont mal coordonnées. Il a manqué une vision et une organisation globale de cette prévention”, déplorent les auteurs de ce rapport.

Les trois chirurgiens préconisent donc une coordination des initiatives des assureurs privés et obligatoires ainsi que des professionnels de santé. Pour cela, ils suggèrent d’utiliser la future loi de santé publique toujours en débat, d’y décliner un volet dentaire et de créer les structures représentatives des chirurgiens dentistes adéquates à ce type d’action.

Les lieux de réalisation (PMI, école, cabinet dentaire, entreprise), les moyens en hommes (chirurgiens dentistes, infirmières, services sociaux, médecins scolaires, enseignants) et les différents vecteurs de communication sont “complémentaires” et doivent être aussi “divers” que les cibles, ajoutent-ils. Quant au financement, il pourrait être partagé entre l’assurance maladie obligatoire, l’assurance complémentaire et les collectivités locales.

Les auteurs ne souhaitent pas calquer la prévention sur celle mise en oeuvre dans les pays scandinaves avec le caractère obligatoire de certains examens périodiques ou encore avec des mesures coercitives en cas de manquement. Ils listent plutôt les exemples français réussis qui pourraient être étendus.

Par exemple, le Conseil général de Val-de-Marne a créé deux dispositifs complémentaires. Le premier est un programme de prévention dans les crèches, PMI, Aide sociale à l’enfance. Il a pour but de réduire la prévalence de la carie pour les 0-6 ans. Le deuxième programme vise les établissements solaires afin de réduire la prévalence de la carie chez les 6-12 ans ainsi que chez les 12-18 ans. Tous deux s’articulent avec le Bilan Bucco-Dentaire proposé par la Caisse nationale d’assurance maladie.

Mais d’autres dispositifs existent tels celui de la mutuelle Mutouest-Préviade qui proposera à ses assurés une prévention des 2-9 ans basée sur des visites annuelles de prévention, au cabinet dentaire, avec un cahier des charges incluant l’éducation pour la santé.

AGF propose déjà la prise en charge d’une visite annuelle de prévention. La MSA a aussi mis en place une campagne de prévention montrant que le “retour sur investissement” est rapide, acquis en 3 ans. L’assurance maladie des travailleurs indépendants a mis en place une campagne réservée aux boulangers qui sont particulièrement sensible à la carie. La Garantie médicale et chirurgicale propose même de la prévention en entreprise.

Selon les trois chirurgiens-dentistes, des programmes pourraient être envisagés : établissement du caractère obligatoire de l’hygiène bucco-dentaire en milieu scolaire (par exemple, brossage systématique après le repas à la cantine); contrôles systématiques par un chirurgien-dentiste, à chaque catégorie d’âge avec incidence sur la prise en charge; contrôles et suivi systématiques des populations en situation de fragilité médicale et sociale.

* Rapport sur l’odontologie, ministère de la Santé, 136 p

Mercredi 26 novembre 2003 – Copyright © APM-Reuters – Tous droits réservés