Pénurie de dentistes dans l’Oise

Article paru dans “Le Parisien Mardi 28 Octobre 2003

Difficile, quand un mal de dents vous a empêché de dormir, de vous entendre dire, en appelant un dentiste, qu’il faudra encore patienter quelques jours ! Excepté les urgences, il faut compter en moyenne deux mois avant de pouvoir obtenir un rendez-vous. De moins en moins nombreux, les dentistes sont surbookés ! « On n’a pas le blues, c’est plutôt le stress ! » déclare avec humour, le D r Frédérique Rose, présidente du syndicat confédéré des chirurgiens-dentistes de l’Oise qui fait partie de la CNSD. La Confédération nationale des syndicats dentaires, majoritaire dans la profession, tire la sonnette d’alarme : « La pénurie menace ! »

Disparités géographiques
Selon le syndicat, l’Oise fait partie des départements qui risquent le plus de pâtir de cette situation, avec un dentiste pour 2 222 habitants quand la moyenne nationale est d’environ un praticien pour 1 400 habitants. L’Oise compte aujourd’hui 310 dentistes. Un chiffre qui, comme au niveau national, ne cesse de baisser en raison des départs à la retraite non compensés par l’installation de jeunes praticiens. Entre mars 2002 et mars 2003, vingt-sept radiations ont été enregistrées au conseil de l’ordre contre dix-huit nouvelles inscriptions. Frédérique Rose sait, comme ses collègues, que son cabinet « ne vaut rien » ou pas grand-chose, si elle décidait de le vendre. « Je connais trois praticiens à Beauvais qui n’ont pas pu vendre à des dentistes. » Conséquence : les cabinets ferment. Pour la CNSD, c’est aussi « la qualité des soins qui est en jeu » alors que la demande est croissante, ce qui est plutôt bon signe en terme de santé publique. « Si des mesures ne sont pas prises rapidement, le nombre de dentistes par habitant sera bientôt inférieur à ce qu’il était il y a vingt ans. Faute de consulter facilement, les patients risquent de développer davantage de pathologies lourdes, nécessitant des traitements coûteux, en particulier les personnes âgées. » Le numerus clausus en vigueur n’est pas le seul responsable, même s’il faudrait former des promotions de 1 300 dentistes par an et non 850 comme c’est le cas aujourd’hui. « Le problème, c’est la répartition géographique », souligne le D r Rose. Ce problème, qui se pose au niveau national, se rencontre également au niveau local. Pour commencer, l’Oise, contrairement à d’autres départements, n’attire pas les jeunes praticiens fraîchement formés. D’autre part, les disparités géographiques, à l’intérieur même du département, sont criantes. Si le sud de l’Oise et la région de Compiègne sont plutôt bien lotis, les cantons ruraux de l’ouest font figure de sinistrés. Pour rétablir l’égalité d’accès aux soins et assurer une meilleure répartition des praticiens sur le territoire, les idées ne manquent pas. « Nous sommes en pourparlers avec le ministère de la Santé », explique le D r Rose. Parmi les pistes avancées, la création de cabinets « multisite » qui permettraient aux dentistes volontaires d’exercer en partie en ville et en partie à la campagne. « C’est actuellement impossible sur le plan déontologique », souligne Frédérique Rose. La CNSD plaide également pour la création de primes à l’installation dans les zones rurales et l’organisation d’un système de bourses pour les étudiants les encourageant à s’installer dans les régions jusque-là boudées.


Auteur : Corinne Fourcin
Source : Le Parisien , mardi 28 octobre 2003