L’Orthodontie fondée sur la preuve

Confronté à une abondance de ressources bibliographiques et face à des situations cliniques variées, le praticien est invité de nos jours à pratiquer un exercice fondé sur la « preuve » ou la documentation. Cette démarche, initiée au Canada dans les années 80, connaît un essor exponentiel et s’applique pleinement à l’Orthodontie et tout particulièrement à l’évaluation des traitements précoces. Cette pratique consiste en un recours consciencieux, explicite et judicieux à la meilleure preuve scientifique contemporaine lors d’une prise de décision thérapeutique concernant un patient donné. De tous les protocoles de recherche disponibles, les essais cliniques randomisés constituent l’outil de référence permettant de juger de l’efficacité des thérapeutiques. Leur utilisation est envisagée dans le domaine des traitements orthodontiques précoces.

Dans la littérature orthodontique, les essais cliniques randomisés se sont imposés comme standards dans la comparaison des différentes approches de traitements.
L’effet balançant produit dans l’étude randomisée permet aux différences de résultat observées d’être clairement attribuées aux traitements plutôt qu’aux variations des caractéristiques biologiques des patients.

Dernièrement, la plupart des études cliniques randomisées en orthodontie ont été engagées dans le but de tester l’hypothèse que certains appareils orthodontiques sont capables de modifier la croissance dento-faciale (orthopédie).
Des définitions d’«effets orthopédiques et de changements dento-alvéolaires» sont proposées et les difficultés de mesure des effets orthopédiques et des effets dento-alvéolaires sont évoquées.
Un passage en revue des études cliniques publiées ces 10 dernières années est présenté dans la Revue d’Orthodontie Française (volume 77 – n°2) : les études cliniques sur les corrections des malformations de classe II, sur les problèmes d’expansion ainsi que sur les malformations de classe III sont rapportées.
Les différents inconvénients de ces études cliniques tels que la nécessité éthique qu’une alternative de traitement soit également appropriée, leur coût élevé, l’attente relativement longue avant que les résultats puissent êtres évalués, les difficultés à mesurer tous les différents paramètres, la nécessité d’échantillons importants,… sont débattus.
En conclusion, on peut dire, que compte-tenu de leurs limites, les essais cliniques randomisés ne donnent pas, jusqu’à présent, la plus-value tant espérée, l’information “evidence based” permettant de mieux traiter les patients en orthodontie.

SFOOF : “L’Orthodontie Française” VOLUME : 77 – N° : 2
L’orthodontie fondée sur la «preuve» ou la décision thérapeutique basée sur la documentation
AUTEUR(S) : Y. BOLENDER, R. MATHIS, William BACON,
L’orthodontie basée sur une nouvelle méthode scientifique d’évaluation des résultats : l’ “Evidence-Based”
AUTEUR(S) : G.A.M. DE PAUW, L. R. DERMAUT,