Les névralgies faciales et leur traitement

Essentielle et rare, elle atteint plutôt la femme ( ++ 60 ans ). Elle doit être explorée pour éliminer une cause de démyélinisation ou une tumeur même en cas de réponse thérapeutique favorable.
Elles se manifestent sur une hémiface, le plus souvent maxillaire supérieur ( V2), plus rarement sus-orbitaire (V1) ou maxillaire inférieur (V3)

On distingue des épisodes de douleur paroxystique ( décharge électrique, broiement ) durant quelques secondes avec des possibilités de salves pendant quelques minutes. Le patient fait de qques crises par jour dans la forme bénigne à plusieurs heures/jour dans les formes sevères. Il existe une zone gachette connue du patient qui déclanche la crise par des stimulations faibles ( effleurement, sourire ) alors qu’une stimulation forte ne déclanche pas la crise. Le patient adopte une attitude figée

L’examen est pratiqué en dehors de la crise est strictement normal ( sensibilité cutanée, nasale , buccale et cornéenne, motricité ).
Le moindre déficit doit faire réjeter le diagnostic et entraine un bilan ( Radio, ORL, IRM à la recherche d’un neurinome du V, tumeur de la base du crâne et des régions ptérygo-maxillaires )

Bien que relativement rares*, les douleurs des névralgies faciales n´en sont pas moins d´une particulière intensité, poussant même parfois certains patients au suicide.

« Dans la plupart des cas, remarque le Dr Alain Serrie (hôpital Lariboisière, Paris, président de la Fédération d´évaluation et de traitement de la douleur), celles-ci ont d´importantes répercussions d´ordre psychologique ou anxiogène, et entraînent l´altération de la qualité de vie et souvent la dépression. »

La fréquence des crises est très variable. Elle peut être unique, survenir tous les jours, ou de 2 à 30 fois par jour !

« La survenue de la crise est souvent corrélée à des facteurs déclenchants, comme le brossage des dents, le rasage, la mastication, le maquillage… Voire simplement un courant d´air balayant le visage qui effleure la “zone gâchette”. »

TRAITEMENT MEDICAL
Le premier médicament « à essayer » est la carbamazépine (Tégrétol) ( 60-70% de réussite) à dose progressive. « Il est essentiel de savoir que la forme à libération immédiate est beaucoup plus efficace que la forme à libération prolongée.

En effet, il faut prévenir la douleur et donc faire en sorte que la concentration plasmatique du principe actif soit assez élevée au moment où la crise peut survenir. Il faut bien insister auprès du patient afin qu´il absorbe le Tégrétol environ une heure avant le facteur déclenchant. C´est capital. » La maîtrise des crises obtenue, il convient dans un second temps d´essayer de sevrer le malade en médicament, après un délai de trois semaines, par exemple.

« La posologie sera diminuée progressivement ; en cas de récidive des crises, il faut remonter au palier supérieur et attendre encore quinze jours, puis recommencer la décroissance. » S´il existe une résistance au Tégrétol ou bien en cas de mauvaise tolérance, de type nausées, somnolence ou vertiges, on peut y associer la gabapentine (Neurontin) ou le clonazépam (Rivotril).

Une alternative à la carbamazépine est représentée par l´oxcarbazine (Trileptal). En cas d’echec on peut également employer : Pimozide ( ORAP, OPIRAN ), clonazepam
( RIVOTRIL) ou la phénytoïne ( DI-HYDAN ).

TRAITEMENT CHIRURGICAL
-Chirurgie de décompression dans l’angle ponto-cérébelleux
-Electrocoagulation du ganglion de Gasser.
-Injection de glycérol dans la citerne trigéminale mais plus d’échec et de récidives

* Incidence de la névralgie faciale : 15 pour 10 000 dans la population générale.
Sources : NEVRALGIE FACIALE Trijumeau (V) Pr Yves Keravel – Congrés Neuractua 97
Le Quotidien du Pharmacien : Article du 26-Avr-2004 par Didier Rodde