Les dernières avancées de l’Orthodontie Linguale

Parmi les inconvénients de la thérapie linguale les plus souvent cités se trouvent l’inconfort éprouvé par le patient et les problèmes liés au collage indirect et à la finition. Par le passé, malgré le potentiel énorme de la technique linguale, ces problèmes ont freiné son utilisation. À la différence de la technique traditionnelle, les méthodes innovantes décrites ici pour la manufacture d’attaches et d’arcs permettent d’obtenir des appareils linguaux fixes totalement personnalisés. Après seulement un an d’expérience clinique avec presque trois cents arcs dentaires collés les premières impressions cliniques vous sont livrées ici.

La France et l’Allemagne se rangent à côté de la Corée du Sud, de l’Italie et du Japon en tant que leaders dans le domaine de l’orthodontie linguale.

Comme c’était déjà le cas avec l’introduction et la diffusion des appareillages multicollés au début des années 70, les orthodontistes français et allemands nourrissent un sentiment ambivalent à l’égard de la technique linguale. Cette attitude a donné lieu à la formation de trois groupes distincts auxquels appartiennent la majorité des orthodontistes :

-Ceux qui rejettent la technique linguale, même si (ou peut-être parce que) ils ne lui ont pas accordé beaucoup d’attention.
-Ceux qui préconisent la méthode mais qui ne l’utilisent pas au cabinet, même si (ou peut-être parce que) ils lui ont accordé toute leur attention.
-Ceux qui ont réussi à intégrer la technique linguale dans leur pratique orthodontique quotidienne.

En France et en Allemagne, la plupart des orthodontistes appartiennent aux deux premières catégories, ce qui montre que, vingt ans après sa mise au point, la technique linguale n’a pas réussi à se généraliser, même dans des pays qui sont à la pointe dans cette discipline. Les raisons de cette situation sont multiples. Toutes s’appuient sur le fait que la technique linguale est un procédé plus contraignant, pour le praticien comme pour le patient.

En plus des lésions et des irritations de la langue et des problèmes d’occlusion, les patients sont confrontés à des difficultés au niveau de la parole, surtout lors des premières semaines après la pose d’un appareil [1][2]. La plupart des patients font état d’une diminution prononcée de ces difficultés après deux ou trois semaines. Néanmoins, dans certains cas, elles peuvent persister plus longtemps et on trouve des indices objectifs d’une gêne significative jusqu’à trois mois après le début du traitement [2]. Globalement, la phase d’adaptation est indéniablement plus longue chez les patients linguaux par rapport aux patients traités avec un appareil labial traditionnel. Il s’en suit que beaucoup d’orthodontistes préfèrent poser les attaches sur les deux arcs à des moments différents, procédé qui facilite la période d’adaptation, tout en la prolongeant.

La nécessité d’apprendre une nouvelle technique est perçue par certains orthodontistes plus dynamiques non pas comme un handicap mais, dans de nombreux cas, comme un nouveau défi [3][4][5][6][7]. Il n’empêche, cependant, que des problèmes récurrents au niveau de l’application clinique se développent de plus en plus. Aux yeux de beaucoup d’orthodontistes, cela constitue un argument insurmontable contre la technique linguale. Parmi les pierres d’achoppement les plus souvent citées, on trouve les décollements d’attaches plus fréquents que de moyenne, associés à des problèmes liés au recollage indirect ultérieur, ainsi que des difficultés au niveau des finitions.

Le système d’attaches linguales présenté dans cet article a pour but de faciliter le traitement lingual pour le patient comme pour le praticien. Grâce à un concept novateur et l’emploi d’une technologie CAO-FAO sophistiquée, il vise à permettre l’application accrue de cette option thérapeutique de grand intérêt.

La différence principale par rapport à la technique traditionnelle consiste à fusionner en une seule procédure les deux étapes normalement distinctes de production et de positionnement des attaches. Ce procédé donne un type d’attache unique faisant appel à un système modulaire. Les stades de manufacture détaillés ci- dessus couvrent tout le processus depuis la prise d’empreinte pour le modèle de collage jusqu’à la gouttière de collage achevée

Il a été constaté grâce à ces nouveaux systèmes une nette amélioration au niveau du confort des patients. Celle-ci est due au profil extrêmement bas du nouvel appareil. En particulier, les difficultés de la parole, surtout au début du traitement lingual, ont été considérablement réduites. Ce sont les paramètres suivants qui, collectivement, donnent à ce système d’attaches linguales le profil le plus effilé actuellement disponible :

À la manière d’un fil de contention, l’arc conçu par le logiciel s’ajuste très près de la surface des dents. Les différences d’épaisseur des dents sont compensées non pas par des attaches plus épaisses, mais par des pliures du premier ordre au niveau de l’arc.
L’arc est positionné avec son grand bord plat parallèle à la surface dentaire (méplat vertical).
Chaque attache est conçue individuellement pour une dent spécifique et est assemblée par un système modulaire informatisé à partir de divers éléments (base, corps, crochet).

En plus des difficultés de la parole, les irritations linguales ont connu une diminution importante par rapport aux appareils existants. Globalement, cela se traduit par une phase d’adaptation sensiblement moins longue pour le patient. Cet accroissement du confort pour le patient va même peut-être ouvrir la voie au collage simultané des deux arcades également en technique linguale, une procédure très peu réalisée en orthodontie à l’heure actuelle, mais qui n’est pas inconnue en méthode vestibulaire. Une telle avancée contribuerait grandement à l’efficacité économique de l’orthodontie linguale.

Il peut paraître logique de réduire le nombre des décollements d’attache en augmentant la superficie de la base de chaque attache. Néanmoins ce concept doit encore s’appuyer sur des études cliniques longitudinales. Quoi qu’il en soit, le recollage de cette nouvelle attache linguale sera facilité par la grande surface d’adaptation sur la dent. À cette fin, l’attache peut être position née directement sur la dent, à l’instar d’une attache vestibulaire, sans passer par une gouttière de transfert. Des photos d’écran faites lors du procédé de positionnement servent de modèles, contribuant ainsi à une précision optimale .

Il est important pour l’orthodontiste que les finitions soient simplifiées pour que la technique linguale connaisse un développement plus important. Les éléments suivants du système d’attaches présenté ici visent justement à réaliser cette simplification :

L’objectif du traitement est défini à l’aide d’un « set-up » individualisé.
Les arcs sont pliés avec précision par un robot au moyen d’un logiciel des plus avancés de conception et de construction assistées par ordinateur.
L’épaisseur exceptionnellement faible de l’attache réduit considérablement la distance entre l’arc et la surface vestibulaire, ce qui a pour effet de réduire l’influence du 3e ordre sur la position verticale de la dent.
Les gorges des attaches sont plus précises et possèdent plus de stabilité dimensionnelle que les autres attaches existantes. Par ailleurs, la dimension des gorges peut être adaptée avec précision à l’arc de finition.

La technique de fabrication des attaches modulaires, où chacun des éléments individuels (base, corps, crochet) peut être positionné indépendamment, constitue une amélioration majeure par rapport aux systèmes existants. La surface disponible d’émail sur chaque dent peut ainsi être utilisée de façon optimale dans toutes les circonstances, ce qui procure un avantage considérable, surtout en présence d’un cas d’encombrement prononcé.

La fabrication des attaches par la technique Rapid Prototyping * donne une attache individualisée qui respecte non seulement les besoins du patient, mais également ceux du praticien. Des progrès ultérieurs peuvent êtres intégrés immédiatement avec un investissement financier et technique minimal, et sans apporter de modification au processus de production.

Fabriqué avec un alliage ayant une teneur en or élevée, les attaches proposent une solution alternative intéressante aux patients soupçonnés d’être allergiques au nickel.

Conclusion
Cette technologie CAO/FAO sophistiquée pour la fabrication d’une nouvelle série d’attaches linguales et des arcs associés a permis d’augmenter le confort des patients tout en améliorant l’efficacité des orthodontistes.

Sources :
La nouvelle attache TOP : un progrès en orthodontie linguale ?

Dirk WIECHMANN [1]

[1] Lindenstrasse 44, 49152 Bad Essen, Germany.

Tirés à part :
D. WIECHMANN [1]

[2] Lindenstrasse 44, 49152 Bad Essen, Germany.

Références :
[1] Fritz U, Diedrich P, Wiechmann D. Die Lingualtechnik – Patientenprofil, Motivation und Akzeptanz. Interpretation einer retrospektiven Befragung. J Orofac Orthop 2002;63:227-33.

[2] Hohoff A, Seifert E, Fillion D, Stamm T, Heinecken A, Ehmer U. Speech performance in lingual orthodontic patients measured by sonography and auditive analysis. Am J Orthod Dentofacial Orthop. in press.

[3] Thalheim A, Piffko J, Conle K, Wiechmann D. Lingualtechnik bei einem kieferorthopädisch-kieferchirurgischen Gesamtkonzept. Quintessenz 2002;53:843-48.

[4] Thalheim A, Wiechmann D. Lingual Orthodontics as the first choice. J Ling Orthod 2003. In press.

[5] Wiechmann D. Lingual Orthodontics. Part 4: Economic lingual treatment. J Orofac Orthop 2000;61:359-70.

[6] Wiechmann D. La Thérapeutique Eco-Linguale. Première partie : Une théorie pour un concept moderne de traitement lingual. J de Edge 2000;42:53- 69.

[7] Wiechmann D. La Thérapeutique Eco-Linguale. Deuxième partie : Aspects cliniques. J de Edge 2001;43:9-37.

* À l’aide d’équipements Rapid Prototyping, la série d’attaches numérisées est d’abord convertie en équivalent en cire avant d’être coulée en métal. La dureté Vickers (306 kp/mm2) du métal actuellement employé avec sa teneur élevée en or est considérablement plus grande que la dureté moyenne des attaches traditionnelles (145 kp/mm2). Pour optimaliser l’adhérence ultérieure, les bases d’attaches sont d’abord enduites avec du silicate, puis avec du silane utilisant le système Rocatec® (Espe, Allemagne). Plus tard, lors du positionnement sur le modèle de malocclusion, les bases des attaches seront enduites, côté dent, d’une pellicule en plastique d’une minceur microscopique qui se liera efficacement au matériau d’adhésion. La gouttière de collage est fabriquée en un silicone à deux phases et doit être la plus dure possible afin de garantir un ajustement parfait lors du collage indirect