Le dentiste, un allié dans la prise en charge du cancer

PARIS, 15 décembre (Reuters Santé) – Les dentistes devraient faire partie des équipes de soins prenant en charge les personnes atteintes d’un cancer des organes de la tête et du cou, préconisent les auteurs d’une étude américaine parue dans le dernier numéro de la revue “General dentistry”.

En outre, chaque malade devrait consulter un dentiste un mois avant d’entamer sa radiothérapie, pour permettre la détection et le traitement d’éventuelles pathologies bucco-dentaires avant l’initiation du traitement.

Le Dr Jody Harrison, du département d’odontologie de l’université du Texas, à San Antonio, et ses collègues, en décrivant les différentes complications bucco-dentaires que les radiothérapies destinées au traitement des cancers des organes de la tête et du cou peuvent provoquer (que ce soit pendant la durée du traitement ou une fois qu’il est achevé), insistent sur l’importance des soins dentaires dans le maintien de la qualité de vie des malades.

Car si le traitement est destiné à détruire les cellules cancéreuses en affectant le moins possible les tissus sains, ces derniers ne sont jamais complètement indemnes et les dommages de la radiothérapie se montrent parfois irréversibles.

Ainsi l’atteinte des glandes salivaires peut affecter à la fois la qualité et la quantité de salive, entraînant une sécheresse buccale excessive (xérostomie) qui facilite notamment le développement des caries et l’effritement de l’émail dentaire, en s’accompagnant de difficultés à la mastication et à la déglutition.

Cependant, l’altération de la fonction salivaire n’est pas le seul élément favorisant l’apparition des caries. En effet, les malades présentent souvent une altération du goût suite au traitement (qui peut être permanente pour des doses absorbées importantes et qui est aggravée par l’inflammation de la muqueuse). Et cela conduit les patients à adopter un régime plus sucré, très cariogène, expliquent les auteurs.

La modification de l’équilibre buccal par la radiothérapie (qui rend la salive plus acide) favorise l’infection par des champignons levuriformes du type Candida, qui normalement colonisent la cavité buccale sans être pathogènes.

Une des complications les plus fréquentes de la radiothérapie, l’inflammation et l’ulcération de la muqueuse buccale, affecte près de 80% des malades traités. La sévérité de l’atteinte dépend à la fois de la dose absorbée, de son fractionnement et de la durée du traitement. Les symptômes se manifestent au cours de la deuxième semaine de traitement, puis disparaissent dans les trois semaines suivant la dernière séance.

Des dommages tissulaires peuvent aussi survenir suite à une irradiation à haute dose comme une ostéoradionécrose (mort du tissu osseux consécutive à l’irradiation), ou encore une atteinte des muscles masticatoires et de l’articulation temporo-mandibulaire limitant les capacités d’ouverture de la mâchoire.

Du fait de l’ensemble de ces manifestations délétères, les patients traités par radiothérapie présentent un risque élevé de malnutrition : certaines études rapportent des pertes de poids importantes pour 58% des malades ayant suivi un tel protocole.

“Malheureusement, ces complications, quand elles sont trop sévères, peuvent contraindre les médecins à retarder ou à suspendre les radiothérapies. Pour éviter d’en arriver à de telles extrémités, le suivi par un dentiste est fondamental, à la fois avant, pendant et après le traitement”, résument les auteurs./mr

(General dentistry, novembre-décembre 2003, vol. 54 : p. 552-561)

Lundi 15 décembre 2003 – Copyright © APM-Reuters – Tous droits réservés