Caractéristiques occlusales obtenues en fin de traitement ODF

L’objectif consistait à décrire les rapports occlusaux obtenus après traitements d’ODF en
Aquitaine et à assurer un retour d’information auprès de la profession afin d’initier un dialogue
sur la qualité des traitements en ODF.

Une étude a été menée sur un échantillon d’assurés sociaux des trois principaux régimes
d’Assurance Maladie d’Aquitaine.
Etaient inclus dans l’échantillon :
– les bénéficiaires âgés de treize ans ou plus au 01/12/2000, ayant fait une demande d’entente
préalable pour un semestre de traitement remboursé entre le 01/06/2000 et le 30/11/2000 et
non suivi d’une demande d’ODF (traitements terminés sans autre demande) entre la date du
dernier avis et la 01/07/2002;
– les bénéficiaires ayant fait une demande de contention remboursée entre le 01/12/2001 et le
31/05/2002 (traitements terminés avec demande de contention).
Le recueil de l’information s’est déroulé en septembre et octobre 2002.

L’occlusion statique

:: Dans le sens transversal
– Les milieux inter-incisifs coïncidaient avec le plan sagittal médian de la face chez 77 % des sujets traités. De même, les milieux inter-incisifs correspondaient entre eux chez 73 % des patients.
– En fin de traitement, il n’y avait pas d’inversion d’occlusion unilatérale ou bilatérale chez 89 % des patients examinés.
Pour les 11 % restants, il convient de nuancer l’impact négatif éventuel des anomalies du sens transversal. En effet, dans certains cas rares d’endognathie maxillaire non corrigée
précocement, il n’est pas toujours indiqué de vouloir traiter à tout prix l’ inversion d’occlusion bilatérale lorsque les dents ont des axes corrects et des rapports cuspide/fosse ou cuspide/embrasure équilibrés bien répartis sur l’ensemble des arcades. Le risque existe alors de provoquer une vestibulo-version coronaire des secteurs latéraux qui pourrait entraîner un déséquilibre de l’occlusion avec notamment l’apparition de contacts prématurés par égression relative des cuspides palatines.

:: Dans le sens vertical
Chez 70 % des bénéficiaires examinés, on a observé un recouvrement incisif (overbite)
conforme aux critères retenus.
Dans 64 % des cas, les crêtes marginales (prémolaires et molaires) n’étaient pas
rigoureusement au même niveau.
Ce résultat est lié au positionnement des verrous orthodontiques (brackets) sur la couronne
clinique des dents. La mise en place d’un bracket peut agir dans les trois sens de l’espace : égression/ingression (sens vertical), mais aussi version coronaire (sens sagittal) et induction d’un torque (sens transversal).

:: Dans le sens antéro-postérieur

Chez 80 % des sujets examinés, le surplomb incisif (overjet) était conforme aux critères
définis ; 6 % présentaient un surplomb incisif négatif.
L’ axe sagittal des incisives qui détermine l’angle inter-incisif n’a pas été mesuré puisque
l’étude n’a pas eu recours à l’analyse céphalométrique du profil des sujets.
Les canines étaient en classe I d’ANGLE bilatérale chez 70 % de l’échantillon (83,7 % dans
l’étude de Grenoble).
Chez 76 % des cas (89,7 % à Grenoble), les premières molaires ont été observées soit en
classe I bilatérale, soit en classe II thérapeutique bilatérale.

:: Rotations dentaires et diastèmes résiduels
Nous avons observé 69 % de patients qui ne présentaient pas de rotation dentaire résiduelle.

De même, 85 % de l’échantillon ne présentaient pas d’espace inter-dentaire résiduel. Mais il
faut rappeler que, en présence d’une dysharmonie dento-dentaire ou d’une dysharmonie dentomaxillaire par défaut, l’obtention d’un calage occlusal de qualité peut contre-indiquer la
fermeture totale et systématique des espaces en excès.
Remarque : La persistance de rotations dentaires et de diastèmes résiduels est souvent liée aux fibres desmodontales qui enveloppent chaque dent (fibres circulaires) et se prolongent d’une dent à sa voisine (fibres transeptales). Après traitement orthodontique, ces fibres sont longues à se remanier dans la nouvelle position des dents et sont fréquemment à l’origine de récidives.

L’occlusion dynamique
Au cours des mouvements de diduction droite et gauche, nous n’avons pas observé
d’interférence occlusale non-travaillante uni- ou bilatérale chez 66 % des bénéficiaires
examinés (72 % dans l’étude grenobloise).
Ici il est intéressant de citer à nouveau A. FONTENELLE et A WODA : “INGERVALL
(1972) a montré sur un échantillonnage suffisant que 80 % des sujets ayant une occlusion
normale avaient des contacts non-travaillants. Seulement 2 % des sujets examinés avaient une
occlusion en protection canine bilatérale.”
Ces auteurs précisaient par ailleurs : “Pour un orthodontiste qui reconstruit l’occlusion, il semble prudent d’éviter de créer délibérément des situations qui sont souvent associées à des conditions pathologiques.”
Particularité des deuxièmes molaires :
Ces dents apparaissent les dernières au stade de denture adulte jeune. Les traitements
orthodontiques débutent le plus souvent (et finissent parfois) avant l’éruption de ces dents.
L’un des objectifs de l’étude a été d’examiner leur participation à l’occlusion dynamique. C’est pourquoi la recherche de contacts prématurés non-travaillants au niveau des deuxièmes
molaires a été conduite séparément.
Ainsi parmi les 166 patients présentant au moins une interférence occlusale non-travaillante
sur l’ensemble des arcades (Item 17), 157 sujets révélaient un contact prématuré nontravaillant
au niveau d’au moins une deuxième molaire (Item 18), soit 95 % des cas. Cette
observation doit être nuancée : lorsque le traitement s’achève avec une classe II thérapeutique molaire, la première molaire inférieure peut être à l’origine du contact interférent. De même, dans les classes I occlusales, une première molaire maxillaire peut interférer avec une deuxième molaire mandibulaire.

:: En ce qui concerne les mouvements de propulsion mandibulaire, nous avons observé une
désocclusion immédiate des secteurs dentaires postérieurs chez 72 % de l’échantillon . Il y
avait donc un guidage incisif correct chez presque trois-quarts des patients examinés (70 %
dans l’étude de Grenoble).

Résultats
Après traitement d’orthopédie dento-faciale, 487 patients ont été examinés ; 71 % d’entre eux
présentaient une occlusion de classe I canine bilatérale ou bien , en cas d’absence ou de nonévolution
des canines, une classe I ou classe II thérapeutique bilatérale au niveau des
molaires.
Chez 72 % des patients, les mouvements de propulsion mandibulaire s’effectuaient sans
interférence occlusale au niveau des secteurs postérieurs.
De même, les mouvements de latéralité mandibulaire n’ont révélé aucune interférence nontravaillante
chez 66 % des patients.
En revanche, les deuxièmes molaires sont apparues fortement impliquées (95 %) dans les 34
% d’interférences non-travaillantes au cours de ces mouvements.
Seuls 16 % des patients présentaient l’ensemble des 15 critères retenus.

Conclusion
Le degré d’excellence des résultats occlusaux des traitements d’ODF étudiés est apparu faible.
Leur degré d’acceptabilité fonctionnelle et esthétique a semblé meilleur mais n’a pu être que
partiellement évalué.

Cette étude constitue une première approche de l’évaluation des résultats des traitements
d’ODF en Aquitaine. Dans la grande majorité des cas, les traitements ont été conduits par des praticiens spécialistes. La plupart des patients présentaient une classe I d’ANGLE, élément clé d’une occlusion équilibrée. Seuls 16 % des patients présentaient l’ensemble des 15 critères retenus. Cependant, ces critères définissaient un référentiel d’excellence en matière d’occlusion qu’il est difficile de reproduire en fin de traitement. Le degré d’acceptabilité fonctionnelle et esthétique des rapports occlusaux, bien que partiellement évalué, paraissaient meilleurs.
In fine, cette étude permettra d’initier le dialogue avec les professionnels de la région sur la qualité des traitements ODF.

Service médical d’Aquitaine – L’occlusion dentaire après traitement d’orthopédie dento-faciale en Aquitaine – novembre 2004 – p 5