Assistantes dentaires : des causes « officieuses et réelles » de pénurie

En exclusivité sur Dentisfuturis.com, un extrait du livre « Le Manuel du chirurgien-dentiste Manager » de R. Cochet

Le principe arbitraire selon lequel une assistante dentaire doit pouvoir maîtriser dans l’intérêt économique du cabinet aussi bien l’assistanat clinique que la gestion du secrétariat pour un salaire minimum avoisinant les 1 350 euros bruts mensuels relève d’une véritable aberration managériale et organisationnelle. Non seulement, une assistante dentaire maîtrisant parfaitement ces deux compétences distinctes est rare et fortuite, mais encore les praticiens se plaignent généralement qu’au sortir de leur école, elles ne maîtrisent même pas encore pleinement l’assistanat au fauteuil.
La seule compétence qu’ils reconnaissent comme généralement maîtrisée concerne la stérilisation des instruments, et dans une certaine mesure, l’aide au fauteuil.

Ce principe arbitraire de partage et de répartition des tâches au détriment de l’assistanat au fauteuil est à l’origine non seulement du turn-over systématique des assistantes au sein d’une grande majorité de cabinets, mais plus gravement encore, de la désaffection récurrente d’une partie de la population des assistantes dentaires pour leur profession.

Les assistantes témoignent de ces difficultés : « comment se fait-il que la prime de secrétariat soit à peine de 10 % du salaire mensuel fixe, alors que nous passons parfois plus de 50 % de notre temps au secrétariat. Nous n’avons pas choisi ce métier pour le secrétariat, sinon, on aurait fait un bac + 2 en secrétariat. Mon praticien me dit qu’il n’a pas les moyens de se payer une secrétaire à temps complet. Mais est-ce à moi de pâtir de cette situation pour un salaire aussi indécent ? »

Les assistantes dentaires veulent donc bien reconnaître qu’on ne peut pas exercer ce métier sans savoir ou avoir appris à gérer un minimum de tâches administratives, surtout lorsqu’il s’agit de travailler pour un praticien exerçant en solo, dont les exigences organisationnelles et intérêts économiques ne justifieraient même pas d’employer une secrétaire à part entière, ne serait-ce qu’à mi-temps. Elles sont donc prêtes à se perfectionner en secrétariat (combien d’ailleurs nous disent en entretien qu’elles sont prêtes à prendre des cours du soir pour maîtriser l’informatique !), mais reconnaissent pour la plupart que cela ne fait l’objet ni de leur formation, ni de leurs perspectives d’évolution, et que l’exercice de cette compétence ne saurait dépasser le tiers du temps complet de leur travail au cabinet (30 à 40 %
maximum). En région parisienne, par exemple, 30% des assistantes dentaires qualifiées et expérimentées 4 mains en recherche d’emploi refusent catégoriquement toute tâche de secrétariat. Paris et province confondus, une assistante dentaire compétente au fauteuil et dont les tâches de secrétariat représentent plus de 40 % du temps passé au cabinet, perd assez rapidement sa motivation première, relâche progressivement son attention au fauteuil, et recherche passivement un autre emploi à compter du 6ème mois d’embauche.
De plus en plus d’assistantes dentaires qualifiées et expérimentées disent ne plus répondre aux offres d’emploi standard qui ne promettent pas une perspective d’évolution vers l’assistanat exclusif à quatre mains.

© Copyright 2004. Rodolphe Cochet Conseil « Le Manuel du chirurgien-dentiste Manager », paru aux Editions Le Fil Dentaire, juin 2005. Préface exclusive des Docteurs Michel Arnaud (omnipratique) & Michel Lacroix (ODF)
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